APRÈS-COUP, psychanalyse
Freud a fait de l'après-coup (Nachträglichkeit) le caractère propre de la vie sexuelle. Parmi les souvenirs pénibles, certains seulement sont sujets au refoulement ; certains seulement peuvent susciter un affect que l'incident lui-même n'avait pas provoqué. L'explication de cette action différée propre aux images mnésiques de caractère sexuel est liée à l'hypothèse d'un « élément organique entrant en jeu dans le refoulement », plus précisément à celle d'un « changement de rôle » des sensations olfactives. Les stimuli périphériques et l'excitation organique interne étant insuffisants à déterminer la décharge sexuelle, il faut admettre l'effet à retardement de représentations spécifiques. « Nous devons supposer, écrit Freud, qu'à l'âge infantile les décharges sexuelles ne sont pas encore localisées, comme elles le seront plus tard, de sorte que les zones ultérieurement abandonnées (peut-être même toute la surface du corps) déterminent, dans une certaine mesure, quelque chose qui peut être analogue à l'ultérieure décharge de la sexualité. »
Mais à la différence de l'atrophie de certains organes internes au cours du développement, l'abandon de ces zones sexuelles initiales est lourd de conséquences pour l'évolution du psychisme. Quand, en effet, plus tard, les souvenirs de ces plaisirs délaissés se trouvent ravivés du fait de leur connexion aux excitations sexuelles de la puberté, ils engendrent une décharge de déplaisir, c'est-à-dire, écrit Freud, une « sensation interne, analogue au dégoût ressenti dans le cas d'un objet ». Le sens premier et plaisant du souvenir échappe alors à la conscience, si bien que l'action différée des souvenirs sexuels, phénomène en soi normal, constitue ce que Freud appelle le « germe originaire du refoulement ». L'effet après-coup, conçu comme changement de coloration affective de sensations olfactives, gustatives ou tactiles, reposant sur la mutation organique de la puberté, est ainsi la catégorie « somanalytique », grâce à laquelle est rendue pensable la transformation posthume du souvenir sexuel en traumatisme.
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Écrit par
- Baldine SAINT GIRONS : maître de conférences en philosophie à l'université de Paris-X-Nanterre
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