APSARA
Génies intermédiaires du panthéon védique organisé selon une structure hiérarchique à trois niveaux : au sommet, les grands dieux, souverains du domaine cosmique (Indra, Varuna, Vishnu, etc.) ; en dessous d'eux, des dieux secondaires qui assistent les précédents dans leurs fonctions (par exemple Agni, qui préside au sacrifice ; les maruts, qui combattent pour Indra ; le Soma, qui féconde les eaux pour qu'elles assurent la vie de l'Univers) ; plus bas enfin se situent les génies du monde intermédiaire (la sphère d'existence qui fait la transition entre la Terre et le Ciel). Là vivent des êtres, supérieurs aux hommes mais inférieurs aux dieux, immortels comme ces derniers, mais vivant en familiarité avec les humains ; leur domaine d'activité est celui d'une sorte de surveillance de la nature (étangs, rivières, arbres, montagnes, nuages) en rapport avec le rôle qu'y joue l'humanité (agriculture, élevage, mines, constructions). On ne peut donc creuser la terre, ouvrir un sillon, établir des fondations, naviguer, voyager dans la forêt, gravir une montagne sans commencer par accomplir des rites de propitiation vis-à-vis des êtres qui en ont la garde. Parmi ces « génies » (bhūta) prennent place les Apsaras, qui correspondent à la fois aux nymphes de la mythologie grecque et aux Walkyries des légendes germaniques. Ce sont, en effet, des femmes (toujours jeunes et belles) qui volent dans l'atmosphère, mais fréquentent volontiers les lacs et les rivières : on les compare à des oiseaux aquatiques, flamants ou cygnes. Lorsqu'elles nagent parmi les nénuphars, elles se montrent parfois aux hommes et s'offrent à eux : malheur à celui qui les refuserait ou ne les satisferait pas ! Elles le rendraient fou ou le feraient dévorer par les bêtes sauvages qui entendent leur voix et leur obéissent. Au contraire, celui qui sait être leur amant gagne parfois le statut d'immortel (demi-dieu, héros), après une série d'épreuves initiatiques. Par ailleurs, elles président aux jeux de hasard et favorisent, ou perdent, celui qu'elles aiment, ou haïssent. Là encore, on ne saurait lancer les dés sans adresser d'abord une prière aux Apsaras. Enfin, elles sont les inspiratrices de la fureur guerrière et volent autour des combattants pendant la bataille : ceux qui ont fait preuve de courage et ont la chance de périr les armes à la main sont saisis par elles et conduits dans un paradis qui leur est spécialement réservé ; les Apsaras y seront leurs amantes insatiables jusqu'à la fin du cycle cosmique. On aura remarqué que c'est toujours un égarement d'esprit que produisent les Apsaras, ce qui évidemment donne un caractère ambigu à leur action : bénéfique ou maléfique, celle-ci peut apparaître comme une diminution de la faculté humaine éminente qu'est la raison. C'est pourquoi les théologiens mettent en garde contre les Apsaras ceux qui veulent progresser spirituellement : elles apparaissent alors comme les tentatrices par excellence. Dans l'hindouisme classique, ces fées deviennent franchement démoniaques — du moins dans les textes doctrinaux —, les contes, le folklore, la religion populaire continuant au contraire à les vénérer et à solliciter leurs faveurs.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Jean VARENNE : docteur ès lettres, professeur à l'université de Lyon-III
Classification
Autres références
-
VEDA
- Écrit par Jean VARENNE
- 13 397 mots
- 1 média
.... Il s'agit d'un envoûtement pratiqué par une femme à l'aide de pointes métalliques rougies au feu et plantées dans une statuette figurant l'homme qu'il s'agit de conquérir.Les Apsaras sont des « filles du Ciel » analogues aux Walkyries de la mythologie germanique :