AQUACULTURE
Enjeux et problématiques de l'aquaculture
L'évolution de la consommation
Depuis le début du xxie siècle, l'homme consomme chaque année 100 millions de tonnes de produits aquatiques animaux ( poissons, mollusques et crustacés pour l'essentiel), ce qui représente six fois plus que la consommation de 1950. Pour de nombreux pays d'Asie, d'Afrique et d'Amérique latine, ces produits constituent la principale source de protéines animales. Ils proviennent pour 65 p. 100 de la pêche et pour 35 p. 100 de l'aquaculture. Depuis 1990, la production de la pêche mondiale est stabilisée aux environs de 90 à 95 millions de tonnes par an (dont une partie est utilisée pour la fabrication de farines afin de satisfaire le développement de l'aquaculture). Plus grave, selon la F.A.O., plus de 70 p. 100 des stocks sont aujourd'hui exploités au-delà de leur potentiel optimal de production. L'aquaculture est donc appelée à accroître encore sa production pour répondre aux besoins des consommateurs. En effet, indépendamment de l'accroissement démographique, la consommation mondiale moyenne de poissons et d'invertébrés marins a doublé en plus de quarante ans, passant de 8 à 16 kilogrammes par personne et par an entre 1960 et 2004. L'accès à la société de consommation de pays émergents (au premier rang desquels la Chine et l'Inde) et la progression de la population mondiale, attendue à 7,5 milliards d'habitants d'ici à 2020 et près de 9 milliards en 2050, vont encore accroître la demande en produits aquatiques, demande qui devrait, selon les économistes, atteindre 30 kilogrammes par personne et par an pour l'année 2020. Si la pêche reste stable, comme on peut l'imaginer devant les difficultés rencontrées pour modifier en profondeur les conditions d'accès à la ressource et de contrôle, la production aquacole annuelle mondiale devrait pour satisfaire la nouvelle demande passer de quelque 40 millions de tonnes actuellement à plus de 150 millions de tonnes d'ici à 2020. À en juger par sa progression entre 1990 et 2000 (10 p. 100 d'accroissement annuel), un tel objectif n'est pas irréaliste, la principale limitation étant certainement celle de la disponibilité des espaces nécessaires.
Caractéristiques et contraintes biologiques
Par rapport aux organismes terrestres, les organismes aquatiques vivent en permanence dans un milieu de densité à peu près égale à celle de leur corps. Il en résulte une réduction des structures squelettiques de soutien, une économie de l'énergie nécessaire au maintien de l'équilibre et aux déplacements, et, enfin, un rapport plus élevé entre tissus musculaires et tissus osseux. Les animaux qui se nourrissent de particules en suspension dans l'eau, comme les mollusques bivalves, ont même abandonné la possibilité de se déplacer en quête de nourriture.
En ce qui concerne la physiologie, la plupart des animaux aquatiques sont des poïkilothermes, c'est-à-dire que leur température interne est semblable à celle du milieu extérieur dans lequel ils vivent. L'absence de régulation thermique (à l'exception des mammifères aquatiques et, partiellement, des grands poissons pélagiques comme les thonidés) réduit considérablement les dépenses métaboliques et accroît donc l'efficacité de la conversion des aliments ingérés en gain de poids (le gain pondéral de poissons nourris d'aliments secs est 2,5 fois celui des bovins et des ovins et 1,5 fois celui des animaux de basse-cour).
La très grande majorité des animaux aquatiques ont un potentiel reproducteur extrêmement élevé : une moule ou une huître pond quelques millions à quelques dizaines de millions d'œufs par an, une crevette pénéide un million environ, et un poisson comme la morue plusieurs millions. Cette particularité présente[...]
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Écrit par
- Lucien LAUBIER : professeur émérite à l'université de la Méditerranée, Marseille
Classification
Médias
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