ARABE (MONDE) Le peuple arabe
Les Arabes forment un peuple ou ethnie dont le critère distinctif est l'usage de la langue arabe, qui est une langue sémitique comme l'akkadien l'araméen et l'hébreu. Cependant ne se considèrent et ne sont considérés comme Arabes que les individus et les groupes de langue arabe qui se reconnaissent un lien de parenté avec les groupes arabophones liés à l'histoire de l'ancienne Arabie.
Définition, extension, statistique
Les plus anciennes informations sur les Arabes proviennent des textes akkadiens (assyro-babyloniens) et hébraïques. À partir du ixe siècle avant notre ère, ils situent dans le désert syro-mésopotamien et le nord-ouest de l'Arabie une population dénommée en akkadien Aribi, Arubu, Urbu, en hébreu ‘Arab (‘Arbī, « un Arabe »). L'examen des noms propres des membres de ce peuple mentionnés par les textes akkadiens montre que leur langue était effectivement l'arabe. Ils devaient déjà se nommer eux-mêmes ‘Arab. Le mot – ou une forme qui en est dérivée – s'est spécialisé, à certaines époques et dans certains usages, pour désigner seulement ceux des habitants de l'Arabie qui menaient une vie nomade, les Bédouins selon un autre terme indigène.
Nous savons que des populations menant un genre de vie semblable occupaient, avant cette époque, le désert syrien et la péninsule du Sinaï. Mais nous ignorons absolument si ces populations étaient de langue arabe. L'étymologie du mot ‘Arab est obscure. On a supposé qu'il dérivait du mot ‘Arabah qui, en hébreu, désigne le désert et particulièrement la dépression désertique au sud de la mer Morte. Le terme, appliqué d'abord aux Arabes de cette région, se serait étendu ensuite à tous les éléments qui leur étaient apparentés, suivant un processus fréquent pour les noms de peuples. Ce n'est qu'une hypothèse.
Nous ignorons aussi jusqu'à quelle limite vers le sud s'étendait, aux diverses phases de l'histoire du Ier millénaire avant J.-C., la population arabe. Mais, en tout cas, dans la région méridionale de l'Arabie (Yémen, Hadramaout actuels), on parlait des dialectes d'une autre langue, que nous appelons sudarabique, apparentée, mais distincte. Les habitants de cette région considéraient les Arabes (‘rb dans leurs inscriptions) comme un peuple étranger, et réciproquement.
Les Arabes occupent actuellement une très vaste zone de l'Asie et de l'Afrique. Suivant la définition de l'ethnie arabe adoptée ici, il s'agit des nombreux pays où l'arabe classique est langue officielle, administrative, littéraire et culturelle, alors que la population dans sa majorité (sauf dans le cas du Soudan) parle des dialectes arabes. On peut en dresser la liste avec une estimation sommaire du nombre des arabophones sur l'ensemble de la population, mais tous ces chiffres sont souvent très peu sûrs et doivent être regardés comme donnant seulement des ordres de grandeur (cf. tableau).
On trouvait donc, en 2005, dans cette espace où domine la langue arabe (env. 13 000 000 km2, 10 000 000 seulement en soustrayant le Sahara algérien et le Soudan du Sud non arabophones), un ensemble cohérent de 228 millions d'arabophones répartis dans 22 pays ou entités politiques distinctes totalisant environ 300 millions d'habitants. Seules trois entités politiques constituent des îlots à minorité arabe au milieu de ce monde : Israël avec 1 340 000 Arabes sur 7 100 000 habitants et les presides espagnols de Ceuta et Mellila avec 25 000 Arabes sur 143 000 habitants.
Cette zone arabe est entourée de toute une frange de minorités arabophones, tantôt dispersées, tantôt formant des groupes cohérents : en Iran 1 738 000, en Turquie 1 300 000, en Afrique orientale (Éthiopie, Djibouti, Somalie), en Afrique occidentale (Sénégal, Mali, Niger), en[...]
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Écrit par
- Maxime RODINSON : directeur d'études à l'École pratique des hautes études (IVe section)
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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