ARABE (MONDE) Le peuple arabe
Caractères ethnographiques et sociologiques
L'Arabie était habitée depuis l'époque paléolithique, mais nous ignorons à partir de quand ses habitants peuvent être considérés comme Arabes, c'est-à-dire parlant la langue arabe. De forts arguments ont été avancés pour supposer que les chasseurs de l'âge de la pierre ont été rejoints à partir de la fin du IIe millénaire avant notre ère par des populations d'origine sédentaire du Croissant fertile, qui adoptèrent comme mode de vie le nomadisme fondé sur l'élevage du dromadaire, domestiqué à cette époque. Nous n'avons pratiquement pas de documentation anthropologique provenant d'Arabie pour ces époques anciennes.
L'ethnie arabe d'avant l'islam avait une culture originale, dont les traits particuliers dérivaient de son genre de vie, de sa tradition culturelle et d'apports étrangers plus ou moins intégrés. C'était une culture de pasteurs nomades, vivant de l'élevage du dromadaire et du commerce caravanier, groupés en tribus et clans patriarcaux, dont le niveau de civilisation matérielle restait très bas. Les oasis agricoles et les villes commerçantes étaient des îlots au sein de cette société nomade dont elles adoptaient les valeurs et la culture. Le seul art développé était celui de la parole : éloquence et littérature orale. La religion était un polythéisme sans organisation sacerdotale complexe. Mais c'était surtout la notion d'honneur qui formait le noyau de l'idéologie courante, et l'absence d'idées précises sur la vie d'outre-tombe aboutissait à un « humanisme tribal » où l'homme social, l'homme du groupe, était la valeur suprême. Pourtant un individualisme exacerbé se faisait souvent jour. La témérité, la forfanterie, l'insouciance, la loyauté, le courage étaient des valeurs très prisées.
Cette culture a toujours eu des contacts étroits avec la culture des agriculteurs sédentaires d'Arabie du Sud. Au viie siècle, Arabes et Sudarabiques (en partie déjà arabisés) firent la conquête du Proche-Orient et du Maghreb. La synthèse des éléments culturels disparates provenant des diverses ethnies de cette vaste zone mit un certain temps à se faire. Ce n'est qu'à l'époque abbasside, au viiie siècle, que, dans les limites de l'empire musulman, on voit se développer une culture nouvelle résultant du brassage des hommes, des biens matériels et des idées. Il convient de lui donner le nom de « civilisation musulmane » pour rendre justice aux apports de toutes les ethnies qui y contribuèrent. Sa principale source est la civilisation hellénistique orientale. Les Arabes avaient apporté surtout leur langue, leurs formes littéraires et leur religion, l'islam. Tous ces éléments furent d'ailleurs, dans une large mesure, transformés de l'intérieur. Cependant la société et la culture arabe d'Arabie fournissaient à cette société une sorte de modèle idéalisé auquel elle se référait constamment.
La civilisation musulmane, à laquelle participent les Arabes au sens post-islamique du mot – c'est-à-dire comprenant en grande majorité des arabisés – ainsi que beaucoup de chrétiens et de juifs, est décrite par ailleurs.
Parmi les ethnies musulmanes, les Arabes ont un cachet particulier, très difficile à définir d'ailleurs. Ils n'ont pas de traits culturels, communs et spécifiques à la fois, assez nombreux pour permettre de parler d'une civilisation proprement arabe. Ils sont très divers par le genre de vie (Bédouins, agriculteurs, citadins), par les traditions culturelles régionales, par les mœurs, par les dialectes parlés, partiellement par l'histoire. Mais des facteurs d'unité très importants existent aussi : langue écrite et parenté des dialectes ; histoire en partie commune avec tradition admirative pour les fastes de l'empire musulman[...]
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Écrit par
- Maxime RODINSON : directeur d'études à l'École pratique des hautes études (IVe section)
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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