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ARABESQUE, histoire de l'art

Le mot arabesque désigne des ornements composés de lignes courbes, de rinceaux qui s'entrecroisent. L'arabesque décore la superficie d'une œuvre dont la figure humaine est absente. Aux xve et xvie siècles, le mot arabesque pouvait s'écrire aussi rabesques. Synonyme de moresque, aussi écrit mauresque, venant des Maures, il suggère l'origine musulmane du motif. Or, malgré la présence des musulmans en Espagne, c'est en Italie que l'arabesque a connu un accord décisif, car en Espagne la liaison ne s'est pas faite entre le style oriental apporté par les musulmans et une tradition locale. Les rapports commerciaux entre le Proche-Orient et Venise pendant la Renaissance ont grandement facilité l'introduction de l'arabesque en Italie, puis dans les autres pays d'Europe. L'arabesque a reçu son nom en Italie au moment où le motif fut perçu comme une nouveauté sans équivalent dans le vocabulaire traditionnel de l' ornement. Il s'agit d'un phénomène exceptionnel où l'ornement essentiel d'un art, dans ce cas précis l'art islamique, a été importé et adopté par l'art occidental.

Origine et définition de l'arabesque

« Arabesque » vient du mot « arabe » mais les Arabes n'ont probablement pas inventé les éléments constitutifs de cet ornement. Il faut en effet remonter à l'Antiquité tardive et à l'art byzantin pour découvrir l'origine de l'arabesque : le rinceau d'acanthes naturaliste et sa transformation aux xe et xie siècles. Le mouvement sans fin qui caractérise les compositions d'arabesque constitue l'apport fondamental de l'art islamique à cet ornement qui est devenu dans les pays islamiques un des ornements majeurs ; l'arabesque est utilisée dans tous les domaines et dans toutes les techniques. Par exemple, les illustrations des corans et les panneaux de céramique placés à l'intérieur et à l'extérieur des mosquées ; ce type de décoration est, dans les pays islamiques, partie intégrante de l'architecture, ce que l'esthétique occidentale n'a pas toujours clairement compris.

L'ornement appelé aux xve et xvie siècles arabesque ou moresque est défini depuis Aloïs Riegl (1893) comme un groupe d'ornements venus du Proche-Orient, caractérisé par la bifurcation des rinceaux, composés essentiellement de tiges portant des feuilles stylisées et sans qu'il soit possible de voir ni leur commencement ni leur fin. Ces motifs de base ont donné lieu à de nombreuses variantes : par exemple les tiges, généralement de forme linéaire, deviennent des bandes ; les feuilles peuvent être représentées selon un degré variable de stylisation, mais elles sont toujours inscrites dans des contours géométriques ; de nombreux éléments, tels que fleurs naturalistes, fruits et inscriptions de caractères arabes, peuvent être ajoutés. Les arabesques se caractérisent aussi par leur composition de motifs coupés en deux, doublés ensuite pour former un motif complet et symétrique, dessinés sur des axes verticaux et horizontaux.

Dans l'art occidental, les premiers exemples d'arabesques figurent dans les tableaux de Duccio Di Buoninsegna à Sienne (1308-1311). Le peintre a probablement copié des tissus brodés, et son exemple ne sera imité que beaucoup plus tard, vers 1500. Dans les tableaux des peintres vénitiens Cima Da Conegliano, Vittore Carpaccio (1460-1465 - 1525-1526) et Palma Vecchio, on trouve des vêtements ornés d'arabesques, mais il s'agit indéniablement de cas isolés. Outre les tissus, importés en quantités impressionnantes et documentés par leur mention dans les inventaires, les céramiques et les objets métalliques devaient porter un décor d'arabesques. L'importation des produits du monde islamique alla de pair avec la production locale, et on rencontre les arabesques dans les [...]

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Écrit par

  • : historien de l'art, diplômé de l'université de Leyde, Pays-Bas

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