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ARABIE

L'Arabie, ultime et massif prolongement de l'Asie sud-occidentale, s'inscrit entre le golfe Persique, l'océan Indien et la mer Rouge que prolonge, au nord-est, la fosse du Jourdain. La péninsule d'Arabie, traversée en son milieu par le tropique du Cancer, est un immense désert de près de deux millions et demi de kilomètres carrés, rattaché géologiquement à l'Afrique dont seul l'effondrement récent de la mer Rouge le sépare. La plate-forme arabique, qui n'est accidentée qu'à l'est, le long du golfe d'Oman, par une seule ride montagneuse, est par contre relevée et brisée sur sa bordure sud-occidentale, au-dessus de la mer Rouge : là se dresse un massif de granite et de laves qui culmine à plus de 3 000 mètres dans l'extrême Sud : cette région doit à son altitude d'être assez arrosée pour avoir mérité, dès l'Antiquité, le nom d'« Arabie heureuse ». Sur le reste de la péninsule s'étendent les déserts de sable et de rocailles les plus désolés du monde ; en effet, à la sécheresse quasi totale s'ajoutent un froid très vif durant deux mois d'hiver et une chaleur torride le reste de l'année.

Foulée par le flux et le reflux des envahisseurs, la péninsule paraît habitée dès le ixe siècle avant J.-C. par une population de langue arabe. Celle-ci, en majorité nomade, organisée en tribus souvent dressées les unes contre les autres, ne parvint pas à s'organiser en entité durable. Pourtant, de la religion islamique, née au vie siècle au cœur de l'Arabie, sortira, sinon le ciment, tout au moins un ferment puissant qui détermina et détermine encore le destin des peuples arabes.

L'Arabie préislamique

Avant l'histoire

À l'époque où l'Europe vivait sa dernière période glaciaire, l'Arabie semble avoir connu, grâce à une pluviosité plus abondante, un certain développement de sa végétation. Il devait y exister des savanes et des pâturages.

L'Arabie était habitée à l'époque quaternaire par des chasseurs utilisant des outils de pierre taillée. Au Hadramoūt, les outils paléolithiques attestent une coupure radicale avec l'Afrique, plus avancée à l'époque. Au Rab‘al-Khāli, l'outillage néolithique montre au contraire des affinités avec l'Afrique.

Un peu partout dans la péninsule, on a signalé des tumulus de formes diverses, abritant une ou deux chambres funéraires, souvent entourés d'un mur circulaire. Ils sont dans certaines régions en nombre considérable : 1 500 au sud de Firzan dans l'oasis d'al-Kharj, 100 000 dans l'île de Bahrein. Ces monuments paraissent dater d'époques très différentes : les plus anciens pourraient remonter au début du IIIe millénaire avant J.-C.

Sur la côte du golfe Persique, des fouilles récentes (notamment danoises) ont révélé les restes impressionnants d'une culture en relation étroite avec celles de la vallée de l'Indus dans la seconde moitié du IIIe millénaire et au début du IIe. La capitale de l'île de Bahrein était conçue selon un plan géométrique et d'après les règles d'urbanisme appliquées sur l'Indus. Toute cette région devait former le pays de Dilmoun, intermédiaire commercial entre l'Inde et la Mésopotamie selon les textes sumériens et akkadiens. Magan, mentionné dans les mêmes textes comme exportant de la diorite et du cuivre vers la Mésopotamie, était probablement l'Oman. Les souverains d'Akkad envoyèrent dans ces régions des expéditions et elles leur auraient payé tribut.

Au nord-ouest, les représentations et les textes égyptiens depuis la plus haute antiquité situent vaguement (Sinaï, Syrie, Palestine, Midian) des nomades appelés de divers noms, surtout ‘Amou après une certaine époque, et dont certaines mœurs évoquent les Arabes nomades actuels : nomadisme[...]

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Écrit par

  • : membre de l'Institut, professeur émérite à l'université de Provence-Aix-Marseille-I
  • : directeur d'études à l'École pratique des hautes études (IVe section)
  • Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

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