ARABIE HEUREUSE
Ensemble des hautes terres de l'Arabie du Sud-Ouest dont l'ancien Yémen du Nord constitue le cœur. Le nom d'Arabie Heureuse, traduction de l'expression latine Arabia Felix, est dû aux conditions climatiques nettement favorables : l'altitude de ce massif cristallin recouvert parfois d'énormes empilements de basalte, dépassant 2 500 mètres et culminant à 3 400 mètres, lui permet de bénéficier des pluies tropicales qui, de mars à septembre, viennent s'ajouter aux dernières ondées méditerranéennes d'hiver pour apporter 400 à 600 millimètres de précipitations annuelles. Les riches terres volcaniques et les conditions climatiques ont permis l'épanouissement d'une civilisation agricole originale depuis l'Antiquité : cultures soignées sur des champs en terrasses ; plantations où dominent la vigne, le figuier et les arbres fruitiers des climats tempérés ; et, un peu plus bas, deux plantes originales, le café et le qat (Catha edulis) dont les feuilles, consommées par la population de toute la région, possèdent des effets excitants et euphorisants.
Cependant, l'Arabie Heureuse ne se limite pas à cette zone de hautes terres de l'ancien Yémen du Nord et aux régions voisines du Assir : les marges orientales, appelées Meshreq, avec des oasis (Nadjran, Mārīb notamment) irriguées à partir de petits cours d'eau, ainsi que l'Hadramaout au sud-est, série d'oasis prospères échelonnées le long d'une vallée encaissée entre des plateaux arides, se rattachent aussi à l'Arabie Heureuse.
Ces régions ont eu une évolution historique particulière, grâce aux conditions naturelles originales et à leur isolement du reste de la péninsule arabique dus à la présence au nord du grand désert du Rub‘ al-Khālī. De riches royaumes sédentaires s'y développèrent, prospérant grâce à l'exportation de leurs récoltes de myrrhe et d'encens et au commerce qu'ils pratiquaient entre l'Inde et le monde méditerranéen. Mais ces petits royaumes (Saba, Mā‘īn, Kataban, Awsan), dont la chronologie n'a pas encore été fixée de façon certaine, unifiés par les Himyarites, déclinèrent avant même la conquête islamique, dès le vie siècle. Ils léguèrent, cependant, à l'Islam naissant d'importantes traditions littéraires orales qui furent incorporées au patrimoine de tous les Arabes. Depuis lors, l'évolution de ces régions d'Arabie Heureuse s'est toujours poursuivie plus ou moins en marge du reste du Moyen-Orient.
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Écrit par
- Jean-Marc PROST-TOURNIER : agrégé de l'Université, professeur à l'Institut de géographie du Proche et Moyen-Orient, Beyrouth
Classification
Autres références
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ARABIE
- Écrit par Encyclopædia Universalis , Robert MANTRAN et Maxime RODINSON
- 7 614 mots
La richesse et le luxe des Sudarabiques (qu'on appelait les « Arabes heureux ») étaient célèbres dans l'Antiquité. Les restes de leurs constructions, temples, palais, barrages sont impressionnants. Leur sculpture était souvent d'une facture maladroite, mais on a aussi des pièces stylisées, quasi cubistes,... -
SÉMITES
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...l'Islam. Les conditions de son éclosion demeurent mal connues, mais il est très probable que la production des aromates dans les régions fertiles de l'« Arabie heureuse » et leur commerce ont été un important facteur de prospérité. Les Arabes du Sud parlaient une langue qui présente les plus grandes affinités... -
YÉMEN
- Écrit par Laurent BONNEFOY , André BOURGEY , Serge CLEUZIOU et Encyclopædia Universalis
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...l'islam, cette absence de connaissances est frustrante. Le jugement de C. S. Coon reste en partie vrai, même si les recherches permettent d'espérer enfin une meilleure compréhension du très riche passé préislamique d'une région que les auteurs classiques dénommaient Arabia felix, l' Arabie heureuse.