ARABIE SAOUDITE
Nom officiel | Royaume d'Arabie Saoudite (SA) |
Chef de l'État et du gouvernement | Le roi Salman ben Abdelaziz al-Saoud (depuis le 23 janvier 2015). Premier ministre : Mohammed ben Salman (depuis le 27 septembre 2022) |
Capitale | Riyad |
Langue officielle | Arabe |
Unité monétaire | Rial saoudien (SAR) |
Population (estim.) |
33 145 000 (2024) |
Superficie |
2 149 690 km²
|
Histoire : les trois États
Le royaume actuel, officiellement proclamé le 21 septembre 1932, est en fait le troisième État saoudien. Le premier est né de l'alliance entre un chef tribal (Muhammad ibn Saoud) et un prédicateur islamiste (Muhammad ibn Abd al-Wahhab), alliance conclue vers 1745 après l'arrivée à Dariya, une oasis du Najd alors dirigée par les Saoud (aujourd'hui simple banlieue d'une capitale qui s'est rapidement étendue), d'un homme de religion qui venait d'être chassé de son oasis natale par ceux qui s'opposaient à ses idées radicales. Le chef des Saoud au contraire les adopte. Les conquêtes qui suivront et qui feront de ce chef tribal le maître de la plus grande partie de la péninsule seront ainsi autant des ghazw (attaques en vue d'un butin) tribaux qu'un djihad (guerre pour la religion) pour la propagation de l'islam tel que l'interprétait Ibn Abd al-Wahhab.
Ces idées ne forment pas, comme les ennemis du « wahhabisme » (mot récusé par les premiers intéressés, qui préfèrent celui de mouwahhidoun, unicistes, ou ikhwān, frères) l'ont souvent prétendu, la base d'une nouvelle secte. Il s'agit plutôt d'une interprétation rigoriste, littéraliste, du texte de la loi coranique. Le concept central est celui du tawhid, ou unicité de Dieu. L'insistance sur Dieu comme objet exclusif de l'adoration a pour effet un respect littéral de sa parole, et surtout la condamnation violente de tout ce qui peut être considéré comme chirk, c'est-à-dire comme association de tout autre que Dieu dans l'adoration, notamment à travers l'intercession d'esprits, de saints ou d'objets. Les premiers actes spectaculaires du mouvement ont donc été des attaques contre des dômes, des arbres, des cimetières, auxquels les habitants du Najd attachaient quelque valeur magique. Par ailleurs, le mouvement se singularise vite par une application littérale des hudud (sanctions) : lapidation effective des femmes adultères ou encore ablation de la main des voleurs. Les adhérents à ce mouvement s'opposaient non moins violemment au tabac, au port des bijoux et, en général, à tout ce qui serait considéré comme bid'a (nouveauté).
Le mouvement impose ainsi une réputation de sévérité, voire de fanatisme. Mais le règne des Saoud est synonyme de sûreté pour les caravanes, qui paient cette protection en faisant le détour par Dariya et en assurent la prospérité. Le butin recueilli lors des batailles est partagé par le prédicateur en fonction de la loi coranique : après ponction de l'État, il est distribué entre ceux qui ont participé à la bataille. La loi, dans la tradition hanbalite remise à l'honneur par Abd al-Wahhab (et particulièrement les cinq prières de la journée), est rigoureusement appliquée dans les zones conquises.
Au point de vue politique, la chefferie tribale des Saoud prend progressivement l'allure d'une monarchie héréditaire, le pouvoir se transmettant de père en fils, alors que le prédicateur, suivi dans cette fonction par sa propre descendance, joue le rôle de conseiller très influent. Les revenus de l'État provenaient du khums (cinquième du butin), de la zakat (taxe destinée aux démunis) et de l'extorsion quasi arbitraire en cas de besoin. Le jeune État ne s'est toutefois pas doté d'une comptabilité ni d'une monnaie propre. L'armée demeurait sous la loi de la mobilisation tribale, réunie pour une attaque ponctuelle, démobilisée ensuite.
Le domaine des Saoud va vite s'élargir sous le règne du fondateur, Muhammad ibn Saoud (1725-1765), et de son fils Abd al-Aziz (1765-1803). Il faudra toutefois aux Saoud près de quarante ans pour unifier le Najd sous leur férule (Riyad ne sera pris qu'en 1773). En 1793, la province du Hassa tombe en leur pouvoir en dépit d'une résistance déterminée[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Philippe DROZ-VINCENT : professeur des Universités en science politique
- Ghassan SALAMÉ : directeur de recherche au C.N.R.S., professeur à l'Institut d'études politiques de Paris
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
Classification
Médias
Autres références
-
ARABIE SAOUDITE, chronologie contemporaine
- Écrit par Universalis
-
ABDALLAH IBN ‘ABD AL-‘AZĪZ (1923 ou 1924-2015) roi d'Arabie Saoudite (2005-2015)
- Écrit par Philippe DROZ-VINCENT
- 1 590 mots
Roi d’Arabie Saoudite de 2005 à 2015.
Le 1er août 2005, le prince Abdallah ibn Abd al-Aziz ibn Abd al-Rahman al-Saoud devient roi d'Arabie Saoudite, après le décès de son demi-frère, le roi Fahd. Né en 1923 ou 1924 selon les sources, il est l'un des fils du roi Abd al-Aziz ibn Saoud, le...
-
ARABIE
- Écrit par Encyclopædia Universalis , Robert MANTRAN et Maxime RODINSON
- 7 614 mots
...tard, le 29 janvier 1927, était constitué officiellement le « royaume du Hedjaz, du Nedjd et de ses dépendances ». En 1932, ce royaume devint le royaume d' Arabie Saoudite dont les frontières avec le Yémen furent délimitées à la suite d'une guerre menée contre l'imām Yahyā en 1934, la région de Nadjrān revenant... -
ASIE (Géographie humaine et régionale) - Dynamiques régionales
- Écrit par Manuelle FRANCK , Bernard HOURCADE , Georges MUTIN , Philippe PELLETIER et Jean-Luc RACINE
- 24 799 mots
- 10 médias
Dans la péninsule Arabique, la mobilisation des eaux soulève des problèmes d'une autre nature. Depuis la fin de la décennie 1970,l'Arabie Saoudite exploite massivement ses eaux fossiles et met en valeur plus de 2 millions d'hectares pour produire du blé destiné à son marché intérieur,... -
ASSIR
- Écrit par Jean-Marc PROST-TOURNIER
- 378 mots
- 1 média
- Afficher les 47 références