- 1. La conscience ethnique diffuse
- 2. Proto-nationalisme musulman et débuts du nationalisme arabe
- 3. Les premières organisations et la révolte arabe (1908-1920)
- 4. Les luttes pour l'indépendance (1920-1945)
- 5. De la Ligue arabe à la République arabe unie (1945-1958)
- 6. Les théoriciens et les théories
- 7. Les dernières vicissitudes de l'arabisme contemporain
- 8. Bibliographie
ARABISME
Les dernières vicissitudes de l'arabisme contemporain
L'union de la Syrie et de l'Égypte sous le nom de République arabe unie (1er févr. 1958), complétée bientôt par une fédération très lâche (et ouverte à d'autres membres éventuels) avec le Yémen (8 mars) sous le nom d'États arabes unis, fit croire aux idéologues du nationalisme arabe que la création du grand État arabe unitaire était en vue, que ce développement ne pouvait que s'accélérer.
Cet espoir se révéla vite une illusion. Les liens avec le Yémen, pays des plus archaïques, gouverné alors par un despote patriarcal, ne se concrétisèrent jamais. Les intérêts économiques des Syriens, les activités de leurs partis furent lésés par l'autoritarisme des fonctionnaires et militaires égyptiens, qui placèrent cette « région Nord » de la R.A.U. en état de subordination. Les Syriens réagirent par une sécession (28 sept. 1961).
Les États arabes ont continué depuis lors à avoir des politiques largement divergentes dans le cadre théorique de leur Ligue, nouant et dénouant des coalitions multiples plus ou moins éphémères et souvent en rivalité directe. Ainsi le Maroc est-il allé jusqu'à contester l'indépendance de la Mauritanie. Les luttes du gouvernement irakien contre les rebelles kurdes, celles du gouvernement soudanais contre les Noirs du Sud n'ont pas reçu le soutien des autres pays arabes. Quelques grandes causes communes ont pu, seules, les réunir un moment, mais jamais pleinement : appui à la décolonisation des pays arabes encore non autonomes (Algérie en 1962, Arabie du Sud en 1967), lutte contre Israël, dernière terre irrédente (guerres de juin 1967 et d'octobre 1973).
Des mouvements révolutionnaires ont abattu des régimes archaïques ou liés à l'Occident : ainsi en a-t-il été en Irak (14 juill. 1958) et au Yémen (sept. 1962). Ils renforcèrent un temps l'ardeur du nationalisme arabe dans sa tonalité socialiste et révolutionnaire. Les démarches des puissances occidentales (sauf la France gaulliste) ont donné l'impression d'une nostalgie colonialiste et ont contribué à ce renforcement. Un groupement très lâche des États acquis à cette tendance (Syrie, Égypte, Algérie, Yémen républicain) prit longtemps pour cible les États « réactionnaires ».
Alors que l'Égypte, dont la situation politique dépend avant tout des questions liées à sa croissance démographique, signait les accords de Camp David en 1979, elle se voyait mise au ban des nations arabes. Cette rupture attestait bien la fin de la domination de l'arabisme révolutionnaire, et, à l'issue des crises traversées par le monde arabe entre 1973 et 1991, les régimes les plus conservateurs semblent l'emporter en s'appuyant sur l'alliance américaine. La succession des guerres civiles et des interventions étrangères au Liban, comme la question nationale palestinienne ont révélé cruellement les intérêts antagonistes des États. En consacrant la faillite de l'arabisme politique, la guerre contre l'Irak laissait le champ ouvert aux expressions de son courant religieux au sein des masses musulmanes déshéritées.
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Écrit par
- Maxime RODINSON : directeur d'études à l'École pratique des hautes études (IVe section)
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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