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ARAKAWA TOYOZO (1894-1985)

Le céramiste japonais Arakawa Toyozō fut honoré de la récompense suprême, le titre de « trésor national vivant » en 1955. Ses recherches lui ont permis de retrouver les techniques de fabrication des céramiques anciennes utilisées pour la cérémonie du thé à l'époque de Momoyama (fin du xvie s.) et réalisées à Mino (préfecture de Gifu).

Arakawa Toyozō naquit, en 1894, dans une famille d'agriculteurs du village de Tajimi (préfecture de Gifu). Dès l'âge de douze ans, il quitte l'école et entre comme employé dans un commerce de céramiques à Kobe, puis à Tajimi. En 1919, il crée ses premières céramiques, puis s'installe quelques années plus tard avec sa famille dans une fabrique faisant partie des fours d'Higashiyama, à Kyōto. Il fait alors appel à des peintres célèbres travaillant dans le style japonais traditionnel pour décorer certaines de ses céramiques : Yokoyama Taikan (1868-1958), Kawai Gyokudō (1873-1957) et Kobori Tomone (1864-1931) par exemple. Son intérêt grandissant pour la céramique l'incite à assister aux réunions mensuelles de la Société d'étude des céramiques anciennes, qui se tiennent alors aux temples du Chishaku-in et du Kennin-ji à Kyōto (1925). Deux événements importants décident de sa carrière en 1925. Il rencontre le peintre, potier et laqueur Kitaōji Rosanjin (1883-1959), venu à Higashiyama réaliser des céramiques pour le restaurant Hoshigaoka de Tōkyō, célèbre rendez-vous des grandes figures de la finance et de la politique. Par ailleurs, il découvre dans la province de Gifu des tessons de céramique du style Oribe vert et de type temmoku qui l'inciteront à effectuer d'autres prospections dans cette région.

En 1927, il vient travailler avec Kitaōji Rosanjin au four de Hoshigaoka à Kamakura. Ils effectuent ensemble un voyage sur les anciens sites de fours de la Corée du Sud. Leurs recherches sur la céramique ancienne, en particulier celle de la cérémonie du thé, les poussent à retourner en 1930 à Mino (Gifu). Ils recherchent là les fours anciens d'Ōgaya et d'Ōhira, et découvrent sur le site du four de Mutabora (Ōgaya) des tessons de coupes et de bols dans les styles des Shino peints (E-Shino) et des Shino gris (Nezumi-Shino). Ils sont alors persuadés que les célèbres pièces de l'époque de Momoyama ont été cuites à Mino. En 1933, Arakawa ouvre un nouveau four construit à l'ancienne, à flanc de colline (anagama), près de Mutabora, et il cherche à percer les secrets de cuisson des pièces anciennes. Mais il continue aussi à collecter des tessons avec Rosanjin sur les lieux de production de céramiques anciennes à Tamba ou à Kyōto (four d'Ōgata Kenzan).

En 1941, il présente, au cours de sa première exposition personnelle, des œuvres réalisées dans le style de pièces anciennes : porcelaines à décor peint en bleu et en rouge cuites à Higashiyama et grès du genre Karatsu, Shino et Seto noir, cuits à Ōgaya. Il expérimente aussi les techniques mises en œuvre pour les céramiques de Bizen alors qu'il séjourne dans l'atelier de Kaneshige, en 1944 et en 1950.

En 1952 et 1953, le gouvernement lui décerne le titre de « bien culturel intangible » pour ses techniques de Shino et de Seto noir. À partir de 1953, il participe régulièrement aux expositions annuelles d'art traditionnel du Japon, et des expositions personnelles lui sont consacrées. En 1963, il publie avec le spécialiste de la céramique extrême-orientale, Koyama Fujiō, un volume consacré à la production ancienne de Mino, somme des connaissances de l'époque sur les fours de la région. Des fouilles scientifiques ont, confirmé l'intense activité des fours de Mino au xvie siècle et antérieurement.

— Christine SHIMIZU

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Écrit par

  • : conservateur du Patrimoine au Musée national de la céramique, Sèvres

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