ARAMBOURG CAMILLE (1885-1969)
Les contributions d’Arambourg à l’histoire de l’homme
Le continent africain a été le terrain de prédilection de Camille Arambourg. Trois sites archéologiques, qu’il a découverts et fouillés en Algérie, sont devenus célèbres car ils ont délivré des hominidés et une faune de savane alors inconnus. Il s’agit d'abord des premières explorations dans le golfe de Bougie (Béjaïa) qui lui permettent de découvrir et de fouiller, de 1928 à 1934, les grottes paléolithiques de Beni Segoual. Si Camille Arambourg a étudié le contexte environnemental des vertébrés aux caractéristiques africaines et eurasiatiques, c'est l’anthropologue français René Verneau (1852-1938), de l'Institut de paléontologie humaine de Paris, spécialiste notamment des Guanches de l'archipel des Canaries, qui fera l'analyse de toute la diversité humaine de Mechta-Afalou (nom donné aux populations trouvées sur ce site), Homo sapiens aux caractères cromagnoïdes. Entre 1931 et 1937, dans le cadre des missions du Muséum de Paris, les nouvelles campagnes de fouille organisées sur les sites fossilifères et archéologiques d'Aïn Boucherit (datés de la fin du Tertiaire) et d'Aïn Hanech (datant du début du Quaternaire) près d'El Eulma, dans la région de Sétif, valorisantes pour l'époque, ont révélé les toutes premières industries lithiques de type galets aménagés. Sur le site de Ternifine (fouillé de 1954 à 1956), Arambourg découvre et décrit un nouveau taxon humain, qu’il nomme Atlanthropusmauritanicus (l’« homme de l’Atlas »), associé à des industries lithiques et à des restes d’autres vertébrés.
La grande fierté de Camille Arambourg, en dehors de ses travaux en Afrique du Nord, est d’avoir dirigé, de 1967 à 1969, les fouilles de l'équipe française, au nord du lac Rodolphe (aujourd’hui lac Turkana), dans la basse vallée de l’Omo en Éthiopie. C’est au cours de cette mission qu’un nouvel hominidé est découvert, Paraustralopithecus (ou Australopithecus) aethiopicus. Arambourg le décrit avec le jeune Yves Coppens qui vient d’intégrer cette équipe.
Les contemporains de Camille Arambourg témoignent de sa grande disponibilité et de son acharnement à être présent sur les territoires les plus reculés du monde, laissant peu de place à sa vie privée. Les résultats sont là : plus d’une dizaine de nouveaux sites préhistoriques et paléontologiques ; découverte et description d’une multitude de nouveaux taxons à tous les étages de la classification zoologique. Pratiquement tous les sites ouverts par ce naturaliste ont été repris par d'autres chercheurs sur la base inchangée des critères géologiques et taxonomiques qu’il avait définis.
Si les tiroirs et les vitrines de la galerie de paléontologie du Muséum national d'histoire naturelle de Paris recèlent des milliers de vestiges fossiles rapportés d'Afrique par Camille Arambourg, il n'en demeure pas moins que ce dernier, comme ses contemporains naturalistes, faisait partie d'un système colonial généralisé à l'ensemble des institutions. Et, même si la résistance des naturalistes de l'École des sciences d'Alger au transfert des collections a été rude, seul un espace restreint reste dédié à la paléontologie et à la géologie méditerranéennes, que l’on peut encore visiter aujourd'hui à l’université d’Alger. Les traces de Camille Arambourg sont ailleurs…
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Écrit par
- Djillali HADJOUIS : docteur habilité à diriger des recherches, archéologue, paléontologue au service archéologie du Val-de-Marne
Classification
Autres références
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COPPENS YVES (1934-2022)
- Écrit par Herbert THOMAS
- 2 313 mots
- 2 médias
...expéditions au Tchad révèlent la compétence de l'homme de terrain et une remarquable capacité de synthèse ; elles attirent alors l'attention du professeur Camille Arambourg. Connu notamment pour avoir conduit la première expédition scientifique dans la basse vallée de l'Omo, en Éthiopie, en 1932-1933,...