ARAUCANIE
Région chilienne située au sud du Bío-Bío, entre le Chili colonial et la région des lacs, l'Araucanie, également appelée région de la frontière, est depuis le xve siècle le territoire des Mapuches (Araucans) et n’a été acquise par l’État chilien qu’à la fin du xixe siècle. C'est, en effet, dans les quatre provinces d'Arauco, de Bío-Bío, de Malleco et de Cautín qu'ils organisèrent une résistance farouche contre les conquérants espagnols et les gouvernements républicains, récusant ainsi l'hégémonie de Santiago.
Tandis qu'à cette latitude la Cordillère s'abaisse et s'ouvre davantage à l'implantation humaine, la topographie de la Vallée centrale devient accidentée : dépressions et blocs soulevés ou basculés s'y succèdent, encombrés d'importants matériaux volcaniques et glaciaires. Des étés relativement chauds (16 0C-18 0C) et secs (104 millimètres de pluie pour les trois mois d'été à Traiguen) dans une zone où les précipitations annuelles restent importantes (de 1 000 à 1 300 mm par an) offrent de sérieuses possibilités agricoles sur des sols de trumaos, formés de cendres volcaniques épaisses, riches mais sensibles à l'érosion.
Organisée pour liquider la résistance mapuche à un moment où le Chili ne parvenait plus à assurer la demande en blé du marché international (britannique et nord-américain) et des centres miniers du Nord, la colonisation agricole a permis, de 1862 à 1883, l'implantation de 7 000 colons chiliens et étrangers. Cultivant des lots individuels d'environ 80 hectares empiétant sur le territoire mapuche, ils transformèrent la région en un nouveau grenier à blé. Des techniques peu appropriées entraînèrent une violente érosion des sols, tandis que les aléas du marché des céréales vinrent accélérer la concentration des propriétés en monoculture spéculative. De 1884 à 1929, les Mapuches furent fixés dans des réserves. Ainsi dispersés dans toute la région, ils devinrent plus vulnérables aux pressions des latifundistes. Les réserves virent leurs territoires réduits avant même que ces derniers ne soient délimités.
Alors que la région produit encore une grande partie de la récolte chilienne de blé, malgré une réelle diversification des cultures (avoine, colza, légumineuses) et une place importante laissée à l'élevage (bovins), un fort mouvement migratoire pousse les Mapuches vers les villes. Petits centres nés de la pénétration agricole de la fin du xixe siècle, celles-ci répondent mal aux besoins de la population et ne développent qu'une faible activité commerciale. Seules quelques industries à base rurale sont dispersées dans la région (industries sucrières et laitières, scieries, usines de pâte à papier). Fondée en 1883, la ville principale, Temuco — capitale de la province de Cautín et de la région d'Araucanie —, dont la population était de 245 000 habitants en 2002, parvient difficilement à fixer des industries, du fait de la concurrence de Concepción, dont l'influence s'étend sur toute la région. La route panaméricaine ainsi que la principale ligne de chemin de fer du Chili traversent Temuco, qui est devenue un centre touristique, porte du district des lacs du Chili, du parc des volcans (Tolguaca, Lonquimay, Llaima...) et base de sports d'hiver pour la station d'altitude de Volcán Llaima (3 124 m), située à 80 kilomètres à l'est.
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Écrit par
- Hélène LAMICQ : chargée de cours à l'université de Paris-VII
Classification
Média
Autres références
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CHILI
- Écrit par Raimundo AVALOS , Olivier COMPAGNON , Encyclopædia Universalis , Roland PASKOFF , Sergio SPOERER et Sébastien VELUT
- 19 446 mots
- 17 médias
La région del'Araucanie n'a été acquise par l'État chilien qu'à la fin du xixe siècle, après plus de trois siècles de résistance à la colonisation européenne. Il s'agit encore aujourd'hui de la région la plus pauvre du Chili et où les conflits indigènes sont les plus importants....