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ARAWAKS & KARIBS

Les données de l'anthropologie

Tous les groupements arawaks et karibs subsistent sur le continent mais ils furent détruits dans le domaine insulaire, sauf en Dominique où une réserve (Carib Reserve) fut créée en 1903. Dirigés par un chef (ubutu), les Karibs de la Dominique subsistent grâce à un artisanat (objets de fil, de corde, fabrication des paniers caraïbes et de petite vannerie en général). Des Black Karibs, réfugiés dans l'île de Saint-Vincent au xviiie siècle, furent déportés à la fin de ce siècle par les Britanniques dans le golfe du Honduras, sur l'île de Roatan, d'où ils s'implantèrent sur les côtes du Honduras, du Nicaragua et de Belize (communauté des Garifunas).

Les anthropologues distinguent quatre grands groupes culturels en Amérique moyenne et en Amérique du Sud : les Tupi-Guarani, les Arawaks, les Karibs et les Gê. La grande famille des Arawaks est connue sous des noms divers : Aruak, Aroaqui, Arauaca, Aroaco, Araguaco, Arauac, Araguac, Nu-Aruak, Arowak, appelés aussi Maipure. Tous ces noms semblent provenir d'un groupe du Venezuela que les Espagnols appelaient Araguacos et qui se nommaient eux-mêmes Lukkunu. Les Arawaks occupent une zone d'habitat très étendue, qui se déploie depuis la Floride, les îles, jusqu'au Venezuela et au nord du Brésil.

Ils s'y seraient installés après un premier grand mouvement migratoire parti du berceau vénézuélien d'où auraient peu à peu essaimé tous les Arawaks. Selon certains anthropologues, ils descendraient non pas d'un noyau originel situé au Venezuela, mais d'Amazonie péruvienne, près du Marañon. On rencontre dans la forêt amazonienne des groupes méridionaux comme les Matsiguenga, les Campa-ashaninca, les Piro et les Mashco, qui constituent un groupe proto-arawak qui aurait été séparé du groupement principal et aurait donné naissance aux parlers arawaks du littoral caraïbe et de l' Amazonie. Seule l'archéologie pourrait aider à trancher cette origine controversée et à élucider le problème des migrations. On pense qu'ils atteignirent vers l'ouest les côtes du Pacifique et qu'ils essaimèrent au nord, vers les territoires isthmiques et insulaires.

Les Arawaks possèdent une grande diversité de types physiques. Ils ont en moyenne 1,60 m mais certains groupes de l'Altiplano bolivien, comme les Moxo et les Bauré, peuvent atteindre 1,70 m. Les conquérants ont très tôt associé les Arawaks à des activités agricoles et empruntèrent à leur langue des noms de plantes, d'ustensiles, d'objets de transport (maïs, tabac, piment, canoë, hamac, etc.). Ils cultivaient le manioc et fabriquaient une belle céramique. Leur habitation a la forme caractéristique d'un cône tronqué, une grande case commune de forme conique couverte de feuilles de palmier autour de laquelle sont disposées des huttes en cercle.

Toutes les populations arawaks vivent de l'agriculture, cultivant surtout le manioc, le tabac, le maïs et diverses racines. Les Arawaks pratiquent la pêche, la chasse à l'arc. Ils possèdent des instruments de musique : l'ocarina ou tsinhali des Paressi, une grande trompette (hezô-hezô), une flûte, ualalocê, et le tiriaman pour accompagner les danses.

On a parlé d'une mythologie lunaire des Arawaks, sur le plan spirituel, qui renvoie aux jumeaux de la tradition du Popol-Vuh, Hunahpu et Ixbalamqué. Ces jumeaux sont des divinités mythiques qui se situent au fondement de la genèse de la population Maya-Quiché. Les anthropologues soulignent par ailleurs la base matrilinéaire de la société arawak.

La grande famille des Karibs a elle aussi des noms divers : Caribe, Cariba, Caribi, Caryba, Cariva, Caraibe. L'origine de leur nom dériverait de Calina ou de Caripuna, selon Christophe Colomb. Or, Kalina (Karina, Kallinago) signifie pour les Karibs « brave » ou « compagnon ». De Karib,[...]

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Écrit par

  • : professeur d'histoire, directeur du Centre de recherches Caraïbes-Amériques

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Média

Scène d'anthropophagie au Brésil - crédits : AKG-Images

Scène d'anthropophagie au Brésil

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