Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

ARBITRAGE, finance

Dans le langage courant, arbitrer c'est choisir entre plusieurs alternatives. Mais la notion d'arbitrage est sous-tendue par l'idée d'avis, de jugement : la décision est ici raisonnée tandis qu'un simple choix peut être instinctif ou passionnel. La notion d'arbitrage est souvent associée au sport, où l'arbitre doit veiller au respect des règles mais aussi décider de leur application. Le terme arbitrage est aussi utilisé en politique, lorsque la puissance publique tranche en faveur de telle ou telle revendication. La notion est également courante en droit. Il s'agit d'une procédure particulière qui constitue une alternative au procès : les deux parties confient à des personnes privées le soin de trouver une solution à leur différend et, le cas échéant, de trancher le litige qui les oppose (arbitration en anglais).

En économie, l'arbitrage ne met pas forcément en jeu une tierce personne : c'est à chacun d'arbitrer. Chaque individu arbitre entre acheter tel bien ou tel autre, entre un peu plus de revenus ou un peu plus de loisirs... Chaque entreprise arbitre entre investir dans l'achat de nouveaux équipements ou employer davantage de salariés, entre solliciter un crédit ou émettre des titres... Le gouvernement arbitre, à court terme, entre déficit public et augmentation des impôts, entre augmentation des cotisations retraite et baisse des pensions... L'arbitrage est général et permanent : l'homo œconomicus est une machine à faire des choix rationnels. C'est l'un des principes fondateurs de cette discipline, que l'on ne retrouve pas avec autant d'emprise en sociologie ou en psychologie. C'est un principe si puissant, qu'il peut parfois conduire à des dérives. Notamment lorsqu'on cherche à démontrer, par exemple, que le choix du nombre d'enfants par foyer résulte exclusivement d'un arbitrage coût /bénéfice.

Une stratégie financière

Dans le domaine de la finance, le terme arbitrage renvoie à une pratique qui ne laisse aucune place au jugement de valeur. Dans l'acception la plus large, arbitrer, en finance, signifie choisir parmi plusieurs stratégies similaires la plus avantageuse. Par extension, ce terme évoque la possibilité de réaliser un gain sans risque. Une opportunité d'arbitrage se définit comme une stratégie d'investissement financier qui, en combinant plusieurs opérations, assure un profit et ne nécessite aucune mise de fonds initiale.

L'arbitrage le plus simple consiste à acheter un actif (une action, une obligation, une devise, etc.) sur une place financière avec la certitude de le revendre immédiatement, et plus cher, sur une autre place. Un autre arbitrage élémentaire consiste à emprunter à taux fixe pour prêter instantanément à un taux fixe plus élevé. Avec la libéralisation des mouvements de capitaux et le développement des moyens de communication, des arbitrages aussi simples sont devenus de plus en plus rares. Certes, on peut encore parfois trouver de petites différences de prix entre deux actifs financiers identiques, mais cela ne signifie pas que l'on puisse à coup sûr faire un profit sans risque ; il faut encore tenir compte des coûts de transaction (de la même manière qu'en vertu de la loi du prix unique, un même bien vendu sur deux marchés doit avoir le même prix, au coût de transport près). Que l'on trouve de moins en moins d'écarts de prix entre les marchés ne signifie pas que les arbitragistes perdent désormais leur temps. Le développement des marchés s'est accompagné d'une sophistication accrue des produits, mais il est encore possible, au prix de stratégies parfois fort complexes, de profiter de certaines imperfections de marché. Et même si les gains sont modestes relativement aux montants engagés, l'arbitrage reste une activité fort répandue au sein[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

Classification

Autres références

  • ANTICIPATIONS, économie

    • Écrit par
    • 6 072 mots
    • 4 médias
    ...(marchés des changes à terme ; marchés à terme de produits de base, de taux d'intérêt ; etc.), et qui soulève en fait de nombreux problèmes. En vertu de la théorie de l'arbitrage – parfois qualifiée de théorie des anticipations – le prix à terme est, sous certaines conditions (mobilité parfaite d'un...
  • CASSEL KARL GUSTAV (1866-1945)

    • Écrit par
    • 487 mots

    Économiste suédois né le 20 octobre 1866 à Stockholm, mort le 14 janvier 1945 à Djursholm, dans la banlieue de Stockholm.

    Karl Gustav Cassel étudie à l'université d'Uppsala, puis à celle de Stockholm où il devient professeur d'économie de 1904 à 1933. Il occupe le devant de la scène internationale...

  • FINANCE DE MARCHÉ - Marchés de capitaux

    • Écrit par
    • 7 819 mots
    Lesarbitragistes sont à l'affût des différences de cours et de taux d'intérêt qui peuvent exister, momentanément, entre différentes places ou différents compartiments de marché. Lorsque l'opportunité se présente, l'arbitrage qu'ils effectuent, combinant souvent plusieurs opérations d'achat et de vente,...
  • FINANCE DE MARCHÉ - Théorie des marchés financiers

    • Écrit par
    • 6 749 mots
    • 1 média
    Comparés aux modèles d'équilibre général tels que le CAPM ou le CCAPM, les modèles d'arbitrage sont des modèles qui reposent sur une seule propriété de l'équilibre général (l'APT cité plus haut en fait partie). Il s'agit de la propriété d'absence d'opportunité d'arbitrage (AOA) qui est forcément...