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ARBOVIRUS

L'épidémie de chikungunya à la Réunion

Le chikungunya, qui a sévi en 2005-2006 dans l'île de la Réunion, entre dans le groupe des fièvres tropicales longtemps confondues avec la dengue. Cette maladie est due à un virus de la famille des Togaviridae, transmis par les moustiques du genre Aedes. Le virus est présent en Asie et en Afrique, où il circule selon des modalités complexes, avec des successions de cycles enzootiques faisant intervenir les singes comme hôte amplificateur du virus et les moustiques qui harcèlent ces animaux. Le virus, introduit en milieu urbain, est à l'origine d'épidémies saisonnières. La maladie se caractérise par un épisode fébrile accompagné d'arthralgies (douleurs dans les articulations) souvent intenses, touchant principalement les extrémités (poignets, chevilles, phalanges) et souvent récidivantes. Cette virose est anciennement connue.

Mais, à l'île de la Réunion, en 2006, une première spécificité par rapport à ce qui était connu fut l'ampleur de l'épidémie. En effet, on estime à 265 000 le nombre de cas, soit 34 % de la population de l'île. L'importance de cette épidémie résulte de facteurs très favorables : climat, vecteurs et surtout absence d'immunité de la population locale. La maladie révéla une diversité des tableaux cliniques jusqu'alors inconnus – encéphalite, hépatite, transmission fœto-maternelle du virus –, accompagnés de 237 décès principalement chez les personnes âgées. Initialement considéré comme responsable d’une virose bénigne, dont l'extinction devait se produire naturellement avec la diminution des densités du vecteur en relation avec la pluviométrie, le virus chikungunya se maintint durant l'hiver austral 2005 pour réapparaître au début de la saison des pluies et s'amplifier rapidement au début de l'année 2006. Sur le plan épidémiologique, l'élément particulier de cette épidémie aura été le rôle d'Aedes albopictus comme vecteur. Les épidémies urbaines de grandes viroses tropicales telles la fièvre jaune ou la dengue sont liées à Aedes aegypti, un vecteur anthropophile particulièrement bien adapté à l'homme. En revanche, Aedes albopictus est généralement moins agressif, son habitat étant plus péridomestique. C'est la première fois qu'il a été à l'origine d'une épidémie d'une telle ampleur. En l'absence d'un vaccin, la lutte se focalisa principalement contre le vecteur par l'utilisation d'insecticides et la destruction mécanique des gîtes larvaires qui permirent de limiter l'extension de cette virose.

— Jean-François SALUZZO

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Écrit par

  • : professeur à l'Institut Pasteur, chef de l'unité d'écologie virale
  • : docteur en pharmacie, docteur ès sciences, directeur expert virologie, Sanofi Pasteur

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Aède (moustique) - crédits : khlungcenter/ Shutterstock

Aède (moustique)

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