ARBRE
La distinction entre arbre et herbe remonte à une antiquité éloignée. Théophraste (vers 300 av. J.-C.) en avait déjà fait la base de sa classification des végétaux, non sans quelque raison à en croire d'actuels botanistes. On sait que Hutchinson (1938) n'a pas hésité à scinder plusieurs ordres, établis traditionnellement d'après la structure florale, en groupes délimités d'après le port herbacé ou ligneux des plantes qui les composent.
En réalité, une définition précise de l'« arbre » est difficile à donner ; cette notion, prise au sens commun, recouvre un certain nombre de concepts voisins mais non identiques.
Dans sa classification des types biologiques, Raunkiaer (1905) emploie comme critère « bourgeons à plus de 25 centimètres de la terre » pour regrouper certains végétaux en la catégorie des Phanérophytes. Bien entendu, ce groupe comprend essentiellement les arbres, mais aussi quelques plantes herbacées de grande taille (bananiers, bambous, Cactacées...) et les lianes. Inversement, des végétaux ligneux de faible taille, comme les saules nains qui rampent à la surface du sol, n'entrent pas dans cette catégorie.
Au contraire, les forestiers, comme Aubréville (1965), distinguent « la grande classe des herbacées s'opposant, au propre et au figuré, à celle des végétaux ligneux ». Le critère retenu est ici autant la taille que la structure, herbacée ou ligneuse.
Cette difficulté de délimiter convenablement l'arbre et le phanérophyte se manifeste pleinement dans le cas de ce qu' Emberger a appelé les « Phanérophytes scapeux ». Il s'agit de plantes des montagnes tropicales appartenant aux familles évoluées des Lobéliacées et des Composées. Vivaces, elles édifient un pseudo-tronc entouré des bases persistantes des feuilles et portent à leur sommet une énorme inflorescence. Sont-ce des plantes herbacées géantes ou des arbres véritables ? Les avis des botanistes sont partagés sur ce point.
L'arbre adulte
Son aspect
Souvent, même lorsqu'il est défeuillé, on peut reconnaître un arbre à son port. Ce caractère physionomique tient à plusieurs causes : taille et forme du tronc, angles que forment les branches entre elles, importance relative des rameaux...
Notons qu'il ne se manifeste bien que lorsque l'arbre est relativement isolé. En forêt, par la suite de phénomènes de compétition, les troncs sont généralement plus allongés et les branches plus réduites.
L'axe primaire des plantes ligneuses, ou tronc, peut être réduit en hauteur, comme chez l'aubépine, alors que ses branches latérales ont une grande extension ; c'est ce que nous nommerons la forme « buisson ». Il peut être bien développé – forme « arbre » –, restant individualisé jusqu'au sommet de l'arbre (résineux) ou disparaissant apparemment au-dessus des premières branches qui deviennent aussi grosses que lui (pommier, etc.). On a parlé, dans le premier cas, de tronc excurrent et, dans le second, de tronc déliquescent. Les branches, elles, forment la ramure, la cime, ou le houppier comme disent les forestiers, et portent rameaux et ramilles.
Certains ports sont cependant typiques. Lorsque le tronc porte à son sommet une couronne de grandes feuilles, sans branches latérales, on parle d'arbre monocaule (papayer). Si les feuilles ne tombent que par cassure de leur base (et non par une zone d'abcission), il restera sur le tronc une gaine formée par l'extrême base de ces feuilles (certains palmiers) ; un tel tronc est nommé stipe. Remarquons, sans pouvoir le développer ici, que la monocaulie est souvent considérée, à la suite des travaux de Corner, comme primitive.
Généralement le tronc est ramifié. Cette disposition est l'effet de deux phénomènes différents : le tronc peut cesser brusquement de croître au profit de bourgeons axillaires[...]
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Écrit par
- Gérard CUSSET : maître assistant à la faculté des sciences de Paris, secrétaire de la Société botanique de France
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