ARCHAEOPTERYX
Mode de vie d’Archaeopteryx
Autant que sa position parmi les vertébrés, le mode de vie d’Archaeopteryx fait l’objet de nombreuses discussions, les débats se concentrant principalement sur son aptitude au vol. Si son plumage a pu très vite mener à la conclusion qu’il était capable de voler, le fait que l’on connaisse depuis le milieu des années 1990 nombre de dinosaures couverts de plumes, mais dont le squelette permet de penser qu’ils ne pouvaient pas voler, conduit à relativiser le lien entre la présence de plumes et la capacité à s’élever dans les airs. De plus, l’anatomie osseuse d’Archaeopteryx diffère de celle des oiseaux actuels par divers caractères qui paraissent cruciaux à cet égard. La structure de la ceinture pectorale, notamment l’absence d’un sternum ossifié, fait penser que cet animal ne disposait pas d’un bréchet, c’est-à-dire d’un sternum formant une grande quille osseuse, sur laquelle s’insèrent les puissants muscles pectoraux qui, chez les oiseaux modernes servent à mouvoir les ailes, permettant ainsi le vol battu. Certains ont donc voulu voir en Archaeopteryx un animal non volant, ou juste capable de vol plané depuis un point élevé tel qu’un arbre (ses griffes lui permettant probablement de grimper). Il existe pourtant des indices laissant penser qu’il était capable de voler. L’étude de l’encéphale d’Archaeopteryx, réalisée par tomographie 3D sur la boîte crânienne du premier squelette découvert (spécimen de Londres), a montré que, d’après la morphologie de son cerveau, sa vue était très développée, comme chez les oiseaux d’aujourd’hui, et que son oreille interne suggérait des performances similaires aux leurs en ce qui concerne l’audition et la perception de l’espace. Les auteurs de ce travail en ont conclu qu’Archaeopteryx avait acquis les adaptations neurologiques et sensorielles nécessaires au vol. Mais de quel type de vol s’agissait-il ? On s’accorde aujourd’hui à penser que le vol d’Archaeopteryx ne pouvait être identique à celui des oiseaux actuels, parce que son squelette et les muscles qui s’y inséraient ne permettaient pas de mouvements des ailes identiques à ceux utilisés par les oiseaux actuels pour décoller et se maintenir en l’air. Des approches diverses ont été utilisées pour tenter de reconstituer le type de vol d’Archaeopteryx. Suivant une étude publiée en 2018, la microtomographie synchrotron (technique d’imagerie 3D non destructive), utilisée pour reconstituer l’architecture des os des membres de cet animal, révèle qu’ils avaient des propriétés géométriques que l’on ne retrouve que chez les oiseaux capables de voler. Les ressemblances sont particulièrement fortes avec les os d’espèces utilisant le vol battu sur de courtes distances, par exemple les faisans. Cependant, la morphologie du squelette de la ceinture pectorale et des ailes d’Archaeopteryx ne devait pas permettre un vol battu par mouvement dorso-ventral des ailes identique à celui des oiseaux modernes. Il semble que l’oiseau jurassique se soit plutôt propulsé dans les airs par un battement des ailes de l’avant et le haut vers l’arrière et le bas, et non seulement de haut en bas.
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Écrit par
- Eric BUFFETAUT : directeur de recherche émérite au CNRS
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