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ARCHE D'ALLIANCE

Objet du culte israélite — en hébreu aron, « coffre », « caisse » —, l'arche d'Alliance reçoit divers noms : arche de Dieu, du Dieu d'Israël, de l'Alliance, de l'Alliance de Yahvé, de l'Alliance de Dieu, du Témoignage, l'Arche sainte. Comme élément du culte du désert, l'arche est habituellement liée à la tente, mais elle a une histoire plus longue.

On la retrouve, en effet, à Gilgal (Josué, vii, 6), à Béthel (Juges, xx, 27), à Sichem (Josué, viii, 33), à Silo (I Sam., iii, 3), avant qu'elle ne soit capturée par les Philistins (I Sam., iv, 11), puis restituée aux Israélites qui la déposèrent à Qiryat-Yearim (I Sam., v, 1-vii, 1). David la conduit à Jérusalem (symbole divin le plus authentiquement yahviste, elle constituait une arme politique), en attendant que Salomon ait construit le Temple afin de l'y abriter, dans le saint des saints (I rois, vi, 19 ; viii, 1-9). Les livres historiques ne parlent plus de l'arche, qui dut disparaître avec le premier Temple, au plus tard en ~ 587 (selon une tradition tardive recueillie par II Macchabées, ii, 4-8, Jérémie — au temps duquel elle n'existait plus, Jér., iii, 16 — l'aurait transportée et cachée dans une grotte du mont Nébo). Il ressort de tous ces textes, liés à des lieux de culte et à des faits guerriers, que l'arche, déposée dans un sanctuaire en période de paix, était une sorte de palladium, qui fut quelque temps populaire et redoutable et qui, emporté à la guerre, du moins jusqu'à David, avait la vertu de semer la panique chez les ennemis d'Israël. Dans l'Apocalypse, xi, 19, l'apparition de l'arche d'Alliance aux élus dans le « temple de Dieu » est liée à l'écrasement des ennemis par la foudre, la grêle et le tremblement de terre.

Trois textes du Pentateuque donnent des renseignements explicites mais tardifs sur l'arche en tant qu'élément du culte du désert.

D'après l'Exode, xxvi, 33 et xl, 21 (tradition P influencée par le souvenir du temple de Salomon, où l'arche reposait sous les ailes des chérubins), elle est sous la tente comme « arche du Témoignage » (aron ha-‘dût) ; ce « Témoignage « étant les « deux tables du Témoignage » ou « tables de la Loi » déposées dans l'arche (Exode, xxv, 16 et xl, 20). Il s'agit là de traditions tardives, car, dans l'Orient ancien, on n'enfermait pas les textes de lois, gravés souvent sur une stèle (code d'Hammourabi) ou sur les murs d'un temple. L'arche est décrite (xxv, 10-32 ; xxxvii, 1-9) comme une caisse en acacia, plaquée d'or et recouverte d'une plaque dorée, le kapporet — mot que l'on traduit, par le relais des mots grec (hilastérion) et latin (propitiatorium), le « propitiatoire ». Mais, quels que soient les déplacements de ce terme, dans l'Ancien Testament d'abord, on peut affirmer qu'il ne signifiait pas autre chose à l'origine que le simple couvercle de l'arche.

Dans le Deutéronome, x, 1-8 (où l'arche n'est pas mise en relation avec la tente), il s'agit de l'« arche d'Alliance » (aron ha-berīt), qui contient, selon la volonté divine, les « tables de l'Alliance » que Yahvé avait données à Moïse.

Selon les Nombres, x, 33-36 (texte certainement ancien), l'arche est liée aux déplacements dans le désert : elle précède les Israélites au départ du Sinaï et marque les étapes de la marche vers la Terre promise (au départ, on crie : « Lève-toi, Yahvé, que tes ennemis se dispersent... » ; et à l'arrêt : « Reviens, Yahvé, vers les multitudes des milliers d'Israël »).

— André PAUL

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