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ARCHÉOLOGIE (Archéologie et société) Aménagement des sites

Les cryptes archéologiques

Depuis les années 1980, archéologues, urbanistes, élus et responsables administratifs s'interrogent sur les problèmes de la sauvegarde du patrimoine, en particulier en milieu urbain. L'aménageur doit tenir compte des impératifs souvent contraignants des archéologues ; en contrepartie, un site archéologique bien mis en valeur bénéficie d'un flux de touristes, parfois important. Des expériences, toutes novatrices en leur genre, ont été réalisées depuis la Seconde Guerre mondiale. Parmi les plus significatives figurent les cryptes archéologiques de la cour Carrée du Louvre, de la cathédrale de Genève, de l'égliseSaint-Laurent de Grenoble et du Yorvik Center (York). Les unes sont intéressantes par la qualité de leurs volumes architecturaux (cour Carrée), les autres par l'importance et la complexité des recherches archéologiques liées à un effort pédagogique de présentation (cathédrale de Genève et église Saint-Laurent de Grenoble) ; le Yorvik Center innove surtout dans le domaine de la mise en valeur d'un site.

La crypte de la cour Carrée du Louvre

La crypte archéologique de la cour Carrée répond à un double besoin : assurer des cheminements souterrains dans le cadre de l'aménagement du Grand Louvre et mettre en valeur des structures intimement liées à l'histoire du vieux Paris. Le Louvre est en effet le reflet le plus parlant de l'évolution des quartiers de la rive droite de la Seine, depuis l'énorme forteresse construite par Philippe-Auguste jusqu'au palais de Charles V. Les structures médiévales, détruites de François Ier à Louis XIV, avaient déjà été repérées en plan en 1866 ; une fouille plus exhaustive dirigée par Michel Fleury a permis de mettre au jour et de fouiller les soubassements de l'énorme donjon de Philippe-Auguste (15 mètres de diamètre) et son fossé (7 mètres de profondeur), bordé par un mur de contrescarpe bien appareillé, ainsi que les murailles nord et est de la forteresse.

Quelques vestiges des reprises du xive siècle ont été dégagés le long de la contrescarpe du donjon, par exemple le socle prismatique de la « Grande Vis » édifiée par Raymond du Temple pour desservir les étages du palais de Charles V.

Le visiteur a donc accès à ces vestiges ; l'architecte responsable de l'aménagement (G. Duval, architecte en chef des Monuments historiques) a choisi une présentation aussi discrète que possible, laissant au visiteur le plaisir de découvrir des espaces riches d'histoire et impressionnants par la qualité esthétique de leurs volumes. L'espace est couvert d'une dalle de béton reposant non sur les structures médiévales, mais sur des micropieux (technique utilisée dans les travaux publics : des pieux en béton, d'un diamètre d'une dizaine de centimètres et pouvant descendre à plusieurs dizaines de mètres dans le sol, sont capables de supporter de grosses charges ; ces pieux intéressent les archéologues car ils sont peu destructeurs) ; les maçonneries ont été très peu retouchées, si l'on excepte quelques injections de chaux et quelques remontages indispensables.

Le matériel pédagogique est réduit à l'essentiel et le visiteur comprend assez facilement qu'il se trouve dans les fossés en contrebas du sol médiéval. Il peut donc déambuler dans les fossés nord (crypte Charles V), longer les tours jumelles de la porte orientale et le massif qui recevait le pont-levis ; il peut également contourner le donjon, dont la base prismatique est impressionnante par son volume et par la régularité de ses parements de pierre. Le visiteur est ainsi transporté aux origines du Paris médiéval, grâce à une ambiance que l'on a su rendre lumineuse et dépouillée.

La crypte de la cathédrale de Genève

La crypte archéologique de la cathédrale de Genève est très différente,[...]

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Écrit par

  • : conservateur général du patrimoine, directeur de la rénovation du musée de l'Homme
  • : professeur d'histoire de l'art du Moyen Âge, à l'université de Lyon-II-Lumière

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