Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

ARCHÉOLOGIE (Archéologie et société) Archéologie du temps présent

L'archéologie est tout naturellement associée par le grand public à la découverte de civilisations lointaines et disparues. Pourtant, depuis les années 1970, il existe aussi une archéologie du monde contemporain, de l'archéologie industrielle à celle des génocides, qui collabore aussi bien avec les sociologues, les historiens, les ethnologues, les juristes qu'avec les psychologues et les artistes. Ainsi l'archéologie a-t-elle atteint un nouveau statut : non plus l'étude des seules sociétés du passé, mais celle de toutes les sociétés humaines à travers leurs traces matérielles.

Vers une science autonome

Lorsqu'elle apparaît à la Renaissance, comme toutes les autres sciences occidentales, l'archéologie est d'abord une collecte d'œuvres d'art grecques ou romaines découvertes au gré des travaux urbains ou ruraux. Les premières fouilles systématiques sont entreprises à partir du xviiie siècle, d'abord à Pompéi et Herculanum. Puis, tandis que l'archéologie développe ses classifications et ses méthodes, elle étend peu à peu son champ d'étude dans l'espace comme dans le temps. Au fur et à mesure de la colonisation européenne du monde apparaissent les archéologies de l'Égypte, de la Mésopotamie, puis de l'Inde, de la Chine et du Japon, tout comme des Amériques et de l'Océanie. Dans le même temps, l'archéologie remonte de plus en plus loin dans le temps, avec la découverte de formes humaines de plus en plus reculées. L'émergence de la préhistoire n'est pas sans conséquences sur l'archéologie en général. Lorsqu'elle se cantonnait aux seules périodes où l'on disposait de textes, et même si ces textes étaient partiels et partiaux, limités pour l'essentiel à la glorification des dieux et des souverains, on la définissait volontiers comme « une science auxiliaire de l'histoire ». Seuls les historiens, qui disposaient de textes, pouvaient appréhender correctement les civilisations du passé.

L'étude des sociétés sans écriture, ou bien de celles dont les écritures restaient indéchiffrées, conduisit à élaborer des méthodes autonomes, inspirées des travaux sur la préhistoire, qui furent ensuite généralisées à l'ensemble des sociétés humaines. On a pu par exemple restituer l'environnement naturel ancien et son exploitation par l'homme (grâce à la botanique, à la zoologie et aux sciences de la Terre). Ou encore, grâce à l'anthropologie physique et aux analyses physico-chimiques, reconstituer les modes de vie, l'hygiène, l'alimentation, les manières de table, etc. Ainsi, sans négliger les textes lorsqu'il en existe (ou tout aussi bien les œuvres d'art réputées telles), l'archéologie est devenue une science totale et autonome, celle de l'étude des sociétés considérées à travers leurs traces matérielles – tout comme les historiens les étudient au travers de textes, ou les sociologues et les psychologues au travers de comportements. De ce point de vue, rien n'interdisait que l'archéologie en vienne à s'intéresser aux sociétés contemporaines, qu'elles soient industrielles ou traditionnelles.

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : professeur émérite à l'université Paris-I-Panthéon-Sorbonne et à l'Institut universitaire de France

Classification

Autres références

  • ARCHÉOLOGIE MÉDIÉVALE

    • Écrit par
    • 4 883 mots
    • 5 médias

    L’archéologie médiévale rassemble un large spectre de méthodes permettant d’étudier les témoignages matériels des cultures qui se sont succédé entre le ve et le xve siècle. Elle s’intéresse aussi bien aux structures enfouies ou en élévation qu’au mobilier et aux informations issues...

  • AFRIQUE (Histoire) - Préhistoire

    • Écrit par
    • 6 326 mots
    • 3 médias

    La préhistoire de l'Afrique est littéralement la préhistoire de l'humanité. Les recherches archéologiques effectuées en Afrique sont le fait de toutes les traditions académiques, offrant ainsi une multiplicité de perspectives sur l'évolution des sociétés humaines. En outre, le continent...

  • AFRIQUE (Histoire) - De l'entrée dans l'histoire à la période contemporaine

    • Écrit par , et
    • 9 654 mots
    • 6 médias

    L'histoire du continent tout entier apparaît comme une entreprise récente et difficile. Pendant longtemps, seules l'égyptologie, l'islamologie et l'histoire coloniale l'ont, chacune de son point de vue, abordée ; il faut noter du reste que les très anciens systèmes d'écriture, en Égypte, à Méroé, en...

  • AFRIQUE NOIRE (Arts) - Aires et styles

    • Écrit par , , , et
    • 15 151 mots
    • 2 médias
    ...d'archives, la connaissance très fragmentaire de cette histoire se fonde essentiellement sur l'étude conjointe des données livrées par la tradition orale et par l'archéologie. Le sol nous a laissé cependant peu de vestiges au regard d'autres régions du monde. Les raisons en sont simples : l'archéologie est...
  • AFRIQUE ROMAINE

    • Écrit par et
    • 9 564 mots
    • 10 médias

    La domination administrative et politique de Rome sur les diverses régions de l'Afrique du Nord (mis à part la Cyrénaïque et l'Égypte) s'étend sur près de six siècles : depuis la prise et la destruction de Carthage par Scipion Émilien (146 av. J.-C.) jusqu'au siège et à la...

  • Afficher les 245 références