ARCHÉOLOGIE (Archéologie et société) Archéologie et enjeux de société
Les responsabilités de l'archéologue
Le métier d'archéologue correspond à trois fonctions principales : la détection et la préservation des sites, l'étude scientifique des vestiges découverts et la communication des résultats obtenus auprès du reste de la société. La troisième, mais aussi la première, ont d'évidentes implications sociales et économiques. Il existe environ 2 500 archéologues professionnels en France (mais plus de 6 000 au Japon, sur un territoire beaucoup plus restreint). Ils se répartissent entre cinq institutions principales : l'Université, le Centre national de la recherche scientifique (C.N.R.S.), les services archéologiques régionaux du ministère de la Culture (qui délivrent les autorisations de fouille et surveillent la découverte des sites), l'I.N.R.A.P., chargé des fouilles « de sauvetage » et « préventives », qui regroupe plus de la moitié des archéologues professionnels, enfin les services archéologiques d'un certain nombre de villes et de départements. La fonction de détection et de préservation est la tâche principale, et même la mission des services archéologiques du ministère de la Culture ainsi que de l'I.N.R.A.P. La recherche est pratiquée au sein des cinq institutions, dans la mesure où toute fouille est un acte scientifique – on notera cependant que les archéologues de l'Université et du C.N.R.S. n'ont officiellement d'autre mission que celle-ci. En revanche, la fonction de diffusion de la recherche n'est affichée nulle part comme essentielle, même si les archéologues municipaux et départementaux l'ont particulièrement à cœur. Elle peut donc être aisément récupérée, voire échapper à tout contrôle scientifique.
Non dénué d'ambiguïté, le métier d'archéologue ne saurait donc se limiter à une pure activité scientifique. À un bout de la chaîne, l'archéologue doit veiller à la préservation du patrimoine et à la sauvegarde des sites, ce qui le met immédiatement en conflit parfois avec des intérêts purement économiques (construction d'immeubles de prestige dans des centres urbains historiques), mais souvent avec un véritable intérêt général (infrastructures de communication, logements sociaux, zones industrielles, équipements socioculturels). Même si le pouvoir politique, expression des citoyens, arbitre en dernier lieu, l'archéologue, en tant qu'expert, est là pour informer la société des risques que court son patrimoine archéologique non renouvelable.
À l'autre bout de la chaîne, l'archéologue est comptable vis-à-vis de la collectivité du résultat de ses recherches et il se doit de les faire comprendre. Cette compréhension ne relève pas du seul plaisir désintéressé de la connaissance. L'origine et l'évolution de l'homme et de son environnement, l'invention de l'agriculture et de la sédentarisation, l'apparition des premières sociétés inégalitaires et des villes, le développement et la généralisation de la guerre, la chute des grands empires, les grandes migrations humaines, sont autant de questions fondamentales, dont l'examen peut apporter des éclairages décisifs sur la façon d'analyser, mais aussi d'organiser les sociétés aujourd'hui. Ces réflexions ne sont pas sans danger, puisque des manipulations idéologiques, fréquemment de type nationaliste, sont toujours possibles. Aussi les archéologues ont-ils un devoir permanent de responsabilité sociale et historique.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Jean-Paul DEMOULE : professeur émérite à l'université Paris-I-Panthéon-Sorbonne et à l'Institut universitaire de France
Classification
Médias
Autres références
-
ARCHÉOLOGIE MÉDIÉVALE
- Écrit par Luc BOURGEOIS
- 4 883 mots
- 5 médias
L’archéologie médiévale rassemble un large spectre de méthodes permettant d’étudier les témoignages matériels des cultures qui se sont succédé entre le ve et le xve siècle. Elle s’intéresse aussi bien aux structures enfouies ou en élévation qu’au mobilier et aux informations issues...
-
AFRIQUE (Histoire) - Préhistoire
- Écrit par Augustin HOLL
- 6 326 mots
- 3 médias
La préhistoire de l'Afrique est littéralement la préhistoire de l'humanité. Les recherches archéologiques effectuées en Afrique sont le fait de toutes les traditions académiques, offrant ainsi une multiplicité de perspectives sur l'évolution des sociétés humaines. En outre, le continent...
-
AFRIQUE (Histoire) - De l'entrée dans l'histoire à la période contemporaine
- Écrit par Hubert DESCHAMPS , Jean DEVISSE et Henri MÉDARD
- 9 654 mots
- 6 médias
L'histoire du continent tout entier apparaît comme une entreprise récente et difficile. Pendant longtemps, seules l'égyptologie, l'islamologie et l'histoire coloniale l'ont, chacune de son point de vue, abordée ; il faut noter du reste que les très anciens systèmes d'écriture, en Égypte, à Méroé, en...
-
AFRIQUE NOIRE (Arts) - Aires et styles
- Écrit par Claire BOULLIER , Geneviève CALAME-GRIAULE , Michèle COQUET , Encyclopædia Universalis et François NEYT
- 15 151 mots
- 2 médias
...d'archives, la connaissance très fragmentaire de cette histoire se fonde essentiellement sur l'étude conjointe des données livrées par la tradition orale et par l'archéologie. Le sol nous a laissé cependant peu de vestiges au regard d'autres régions du monde. Les raisons en sont simples : l'archéologie est... -
AFRIQUE ROMAINE
- Écrit par Noureddine HARRAZI et Claude NICOLET
- 9 564 mots
- 10 médias
La domination administrative et politique de Rome sur les diverses régions de l'Afrique du Nord (mis à part la Cyrénaïque et l'Égypte) s'étend sur près de six siècles : depuis la prise et la destruction de Carthage par Scipion Émilien (146 av. J.-C.) jusqu'au siège et à la...
- Afficher les 245 références