ARCHÉOLOGIE (Archéologie et société) Histoire de l'archéologie
Les développements théoriques
Le rôle de plus en plus important, depuis le milieu du xxe siècle, des sciences de la nature, de leurs techniques et de leurs méthodes a nécessairement influencé l'archéologie elle-même, qui s'est interrogée à partir des années 1960 sur son propre statut scientifique. Ce n'est pas en effet le recours à des appareillages et à d'autres sciences qui fait de l'archéologie une science, mais sa capacité à produire des hypothèses et à les vérifier. Ces réflexions menèrent à tout un courant critique, marqué dans les années 1960-1970 par les noms de David L. Clarke en Angleterre, Jean-Claude Gardin en France, ou encore Lewis Binford aux États-Unis. Dans ce dernier pays, le mouvement se proclama même, avec un sens certain de la formule, « New Archaeology ». Ce souci du raisonnement se traduisit aussi par deux démarches particulières. La première, l'archéologie expérimentale, issue des travaux de l'archéologue soviétique Alexandre A. Semenov sur les outils préhistoriques en pierre, se propose de reconstituer les techniques de fabrication et d'utilisation des outils anciens en comparant les objets reproduits par expérimentation avec les objets anciens originels. La seconde, l'ethnoarchéologie, vise à tester sur les dernières sociétés traditionnelles étudiées par les ethnologues les hypothèses faites par les archéologues sur les sociétés disparues, concernant les techniques, les rituels et leurs vestiges, etc.
Ces courants ont en général privilégié une approche économique, environnementale, voire technique des sociétés humaines. Dans les années 1980, en réaction, la génération suivante d'archéologues a cherché à mettre aussi l'accent sur les facteurs idéologique et culturel, ce qui s'est dénommé « archéologie post-processuelle » dans le monde anglo-saxon, par référence au mouvement dit « post-moderne » qui a affecté une bonne partie des sciences humaines dans ces pays. Ainsi, en France, Jacques Cauvin a attribué l'apparition de la domestication des animaux et des plantes (le néolithique) moins à des causes environnementales et techniques qu'à un changement de vision du monde, une « révolution des symboles ». C'est dans cette même mouvance que s'est également développée une « gender archaeology », également qualifiée d'« archéologie féministe », qui s'est intéressée au rôle spécifique des femmes dans les sociétés anciennes.
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Écrit par
- Jean-Paul DEMOULE : professeur émérite à l'université Paris-I-Panthéon-Sorbonne et à l'Institut universitaire de France
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