- 1. Historique des recherches dans le bassin méditerranéen et en France
- 2. Les recherches à l'étranger
- 3. Structures repérables par la photographie aérienne
- 4. Les prises de vue
- 5. Vers des méthodes et des techniques nouvelles
- 6. Possibilités et limites de l'archéologie aérienne
- 7. Inventaire du patrimoine et nouvelle problématique de l'archéologie
- 8. Bibliographie
ARCHÉOLOGIE (Méthodes et techniques) L'archéologie aérienne
Les prises de vue
Pour exploiter les photographies aériennes, les archéologues adaptent leurs méthodes de travail selon le but recherché ou l'époque étudiée et selon les régions. On n'étudie pas les zones de bocage de la même façon que les zones de champs ouverts, les landes bretonnes, les grandes terres à blé du Nord ou la garrigue méditerranéenne. Cela implique une approche très diversifiée : dans certains cas, la primauté sera donnée à l'examen des couvertures aériennes, dans d'autres aux clichés et aux prospections obliques basses, mais rarement à l'un ou à l'autre exclusivement. Il ne faut pas oublier que les vues obliques basses ne sont pas objectives. L'opérateur sélectionne et oriente ses clichés pour faire ressortir ce qu'il voit et surtout ce qu'il veut montrer. Or, il peut être obnubilé par certaines structures aux dépens d'autres dont il n'a pas pris conscience. Les photos obliques basses sont souvent à la fois partielles et partiales. Les couvertures aériennes, elles, sont objectives. De plus, elles peuvent s'examiner sous stéréoscope, ce qui accentue le relief et fait mieux comprendre un paysage. Elles permettent aussi d'effectuer des mesures relativement précises (alors qu'il est très difficile d'apprécier les dimensions sur un cliché oblique), ce qui, dans certains cas, élimine toute confusion possible. Ainsi, l'antiquité d'une voie est fort probable si l'on y reconnaît des espacements réguliers correspondant aux lieues gauloises (2 400 m) ou romaines (2 210 m). Il en est de même pour les cadastres. Un parcellaire quadrillé ne peut pas être romain si les mesures utilisées ne sont pas antiques : récemment, des photos obliques ayant révélé une pseudo-centuriation, les mesures effectuées ont montré que le quadrillage s'inscrivait dans des mailles de 1 000 mètres de côté (au lieu de 710 m). Il s'agissait en fait d'un ancien cadastre napoléonien !
Comme les couvertures aériennes ne sont pas effectuées spécialement, mais que l'Institut géographique national dispose de nombreuses missions faites régulièrement, il arrive que certaines soient réalisées à des moments favorables. Si on les examine toutes, on peut fort bien y déceler nettement des villas ou des camps romains, ou même des structures protohistoriques. Toutefois, de nombreux survols à basse altitude seront nécessaires pour en obtenir des images plus précises. Les archéologues français utilisent surtout les petits avions de club à aile haute. Les appareils photographiques courants de petit format (24 × 36 mm) sont suffisants ; certains leur préfèrent les 6 × 6 cm. Avec un simple filtre UV, les émulsions couleur les plus banales donnent d'excellents résultats. Les émulsions spéciales ne sont pas indispensables. Quant aux infrarouges fausses couleurs, si préconisés par certains, ils ne procurent que rarement des contrastes plus accentués. C'est avec un éclairage à contre-jour et en lumière rasante que l'on parvient le mieux à mettre en évidence les microreliefs. Pour faire ressortir les légères variations de teinte, le soleil doit être situé dans le dos de l'opérateur. Cependant, il n'est pas rare que les indices révélateurs résultent à la fois des variations de la couleur et de la hauteur des cultures, surtout dans les céréales. Il convient alors de tourner attentivement autour du site pour choisir l'altitude et l'angle de prise de vue les mieux adaptés : il est fréquent que les tracés n'apparaissent, fugitivement, que sous un angle bien précis et s'effacent partiellement puis totalement sous d'autres. Cela implique non seulement des survols fréquents, mais aussi de longs virages spiralés au-dessus de chaque secteur prospecté : l'archéologie aérienne est une affaire de longue patience. Le trop théorique « bilan hydrique intégré », préconisé par quelques techniciens pour choisir les moments favorables[...]
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Écrit par
- Roger AGACHE : docteur en histoire de l'art et archéologie, directeur régional des Antiquités
Classification
Média
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