- 1. Historique des recherches dans le bassin méditerranéen et en France
- 2. Les recherches à l'étranger
- 3. Structures repérables par la photographie aérienne
- 4. Les prises de vue
- 5. Vers des méthodes et des techniques nouvelles
- 6. Possibilités et limites de l'archéologie aérienne
- 7. Inventaire du patrimoine et nouvelle problématique de l'archéologie
- 8. Bibliographie
ARCHÉOLOGIE (Méthodes et techniques) L'archéologie aérienne
Possibilités et limites de l'archéologie aérienne
Les résultats obtenus sont considérables, tout particulièrement en France et en Grande-Bretagne. Des dizaines de milliers de sites archéologiques y ont été ainsi découverts. La connaissance de l'âge du bronze et de l'âge du fer en a été complètement renouvelée. Pour ces périodes, la plupart des programmes cohérents de recherches et de fouilles résultent aujourd'hui du recours systématique à la photographie d'avion. Pour l'époque romaine, l'archéologie aérienne a remis en cause bien des idées admises. Ainsi, la romanisation des campagnes est beaucoup plus profonde qu'on ne le pensait : toutes les belles terres à blé furent systématiquement mises en valeur par les propriétaires de grandes villas au plan parfaitement géométrique, étonnamment stéréotypé, et implantées selon les préceptes des agronomes latins.
L'apport de la photographie aérienne est encore plus considérable pour l'archéologie agraire et l'archéologie du paysage, qui seraient quasi impossibles sans l'avion. L'étude des anciens parcellaires permet de reconstituer les paysages. Si, dans les pays de landes, les cadastres fossiles transparaissent encore sur le terrain par la présence des chemins, de fossés plus ou moins complètement abandonnés, des lignes d'épierrements ou de murettes séparant les champs d'autrefois, une étude cohérente n'est possible que sur les couvertures aériennes. L'implantation des cadastrations romaines permet de bien mesurer l'étendue, la mise en valeur rationnelle des terres s'appuyant sur un réseau de voies et de chemins rectilignes. D'avion, plus qu'au sol, on se rend compte de l'esprit de système qui caractérise la romanisation : il s'agit de faire table rase du passé, de s'opposer au « désordre » antérieur, car pour Rome la beauté est d'ordre mathématique et beauté et efficacité sont indissociables. Une telle tendance à l'organisation géométrique de l'espace n'est pas propre à la centuriation ; elle est de règle dans l'organisation des villas, mais aussi dans l'établissement des voies de communication, dans la castramétation et, évidemment, dans l'urbanisation : les petites Romes provinciales seront par leur ordonnance parfaite plus romaines que Rome elle-même.
Les réussites de la photographie aérienne ne doivent pas en masquer les limites. Il est certes étonnant de voir d'avion l'implantation des habitats antiques et leurs réseaux de communication, plus étonnant encore d'obtenir des images de parcellaires de l'âge du fer et même de voir réapparaître le plan de maisons préhistoriques et protohistoriques, grâce aux céréales qui poussent mieux au-dessus des trous de poteaux disparus depuis des milliers d'années. Mais on doit se rappeler que l'archéologie aérienne ne donne pas une chronologie précise ; seules, les fouilles peuvent l'apporter. De plus, les photographies publiées donnent parfois une idée fausse de la prospection aérienne. Il faut se souvenir que, si ces images sont souvent d'une étonnante précision, c'est qu'elles sont sélectionnées parmi des milliers de clichés. Il faut échelonner les survols en toutes saisons pendant des années dans les conditions les plus variées avant d'obtenir des clichés parfaitement révélateurs des vestiges enfouis. La nécessité de tenir compte des conditions agraires et atmosphériques pendant de longues périodes est l'inconvénient majeur de l'archéologie aérienne. Il est des cas où il faut savoir vite si telle ou telle zone (dont, par exemple, la destruction est envisagée pour l'ouverture de carrières) recèle ou non des vestiges intéressants et si, en conséquence, il faut envisager des fouilles préalables ou même une mise en réserve archéologique. Si la réponse doit être fournie rapidement, on devra recourir aux prospections géophysiques,[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Roger AGACHE : docteur en histoire de l'art et archéologie, directeur régional des Antiquités
Classification
Média
Autres références
-
ARCHÉOLOGIE MÉDIÉVALE
- Écrit par Luc BOURGEOIS
- 4 883 mots
- 5 médias
L’archéologie médiévale rassemble un large spectre de méthodes permettant d’étudier les témoignages matériels des cultures qui se sont succédé entre le ve et le xve siècle. Elle s’intéresse aussi bien aux structures enfouies ou en élévation qu’au mobilier et aux informations issues...
-
AFRIQUE (Histoire) - Préhistoire
- Écrit par Augustin HOLL
- 6 326 mots
- 3 médias
La préhistoire de l'Afrique est littéralement la préhistoire de l'humanité. Les recherches archéologiques effectuées en Afrique sont le fait de toutes les traditions académiques, offrant ainsi une multiplicité de perspectives sur l'évolution des sociétés humaines. En outre, le continent...
-
AFRIQUE (Histoire) - De l'entrée dans l'histoire à la période contemporaine
- Écrit par Hubert DESCHAMPS , Jean DEVISSE et Henri MÉDARD
- 9 654 mots
- 6 médias
L'histoire du continent tout entier apparaît comme une entreprise récente et difficile. Pendant longtemps, seules l'égyptologie, l'islamologie et l'histoire coloniale l'ont, chacune de son point de vue, abordée ; il faut noter du reste que les très anciens systèmes d'écriture, en Égypte, à Méroé, en...
-
AFRIQUE NOIRE (Arts) - Aires et styles
- Écrit par Claire BOULLIER , Geneviève CALAME-GRIAULE , Michèle COQUET , Encyclopædia Universalis et François NEYT
- 15 151 mots
- 2 médias
...d'archives, la connaissance très fragmentaire de cette histoire se fonde essentiellement sur l'étude conjointe des données livrées par la tradition orale et par l'archéologie. Le sol nous a laissé cependant peu de vestiges au regard d'autres régions du monde. Les raisons en sont simples : l'archéologie est... -
AFRIQUE ROMAINE
- Écrit par Noureddine HARRAZI et Claude NICOLET
- 9 564 mots
- 10 médias
La domination administrative et politique de Rome sur les diverses régions de l'Afrique du Nord (mis à part la Cyrénaïque et l'Égypte) s'étend sur près de six siècles : depuis la prise et la destruction de Carthage par Scipion Émilien (146 av. J.-C.) jusqu'au siège et à la...
- Afficher les 245 références