ARCHÉOLOGIE (Méthodes et techniques) L'archéologue et le terrain
Le travail de terrain constitue une activité et un moment de la vie de l’archéologue extrêmement important, marqué par l’appréhension concrète, physique, de son objet d’étude qu’il va pouvoir à la fois faire émerger du sol, mais aussi devoir en partie détruire lors de la fouille pour mieux le comprendre.
Ce rapport avec le site peut même parfois se révéler fusionnel pour l’archéologue qui est amené à fouiller durant des décennies, lorsqu’il s’agit de recherches à long terme, voire qui s’étendent sur toute une vie. Dans le passé, certains archéologues ont pu acquérir ou faire acquérir les sites qu’ils fouillaient, allant parfois jusqu’à installer leur résidence familiale juste à proximité. Cette conception de l’archéologue, dont la carrière était parfois associée à un ou à quelques sites majeurs (André Leroi-Gourhan et Pincevent ou Arcy-sur-Cure, Bohumil Soudskýet Bylany, André Parrot et Mari...), a considérablement évolué avec l’apparition de l’archéologie préventive qui est venue bouleverser à la fois la production d’informations scientifiques, les méthodes et techniques de fouille et de gestion des données et les conditions de travail des archéologues de terrain (Demoule, 2004). Parmi les chantiers d’archéologie préventive qui ont amené à des découvertes importantes ces dernières années, on peut citer celles des sites du Paléolithique inférieur de Soucy (dans l’Yonne), sur le lieu d’une carrière, ou des nécropoles gauloises du ve au iie s. avant J.-C. de Bucy-le-Long (dans l’Aisne), avec leurs riches tombes à char. En contexte rural, mentionnons l’agglomération secondaire romaine de Diodurum (Jouars-Pontchartrain, dans les Yvelines), abandonnée à la fin de l’Antiquité et, en contexte urbain, les fouilles d’un quartier médiéval et moderne de Paris, dans le cadre du projet Grand Louvre entre 1984 et 1998.
Archéologie programmée et archéologie préventive
La distinction, parfois trop binaire, entre archéologie dite programmée et archéologie préventive, est surtout liée aux procédures administratives d’intervention sur le terrain. La première s’effectue sans contrainte de temps ni menace de destruction. La seconde, que l’on appelait naguère « archéologie de sauvetage », est régie par un ou plusieurs aménagements qui pourront occasionner la destruction d’une partie ou de la totalité d’un site archéologique ; elle se trouve donc limitée dans le temps et l’espace.
Les contraintes de l’aménagement du territoire, comme la construction d’infrastructures de transport, d’énergie (par exemple, des barrages ou des centrales électriques), de zones commerciales, ou encore de lotissements, amènent à réaliser des fouilles préventives afin de prévenir la destruction de données archéologiques importantes. La responsabilité de la décision de réaliser ou non cette intervention incombe à l’État (en France, selon la loi no 2001-44 du 17 janvier 2001 relative à l'archéologie préventive).
Si l’archéologie préventive génère l’écrasante majorité des opérations (plus de 90 %), les liens sont toutefois multiples entre celle-ci et l’archéologie programmée. Il existe d’ailleurs de nombreux cas pour lesquels des opérations de fouille préventive et programmée se succèdent : une fouille programmée peut être décidée pour poursuivre la fouille d’un site en partie découvert lors d’une opération préventive ; une fouille préventive peut se déroulersur un site déjà connu et fouillé, lors d’un aménagement ponctuel qui peut même être lié à sa valorisation (bâtiment d’accueil, musée, rampe d’accès pour handicapés, etc.). Les professionnels de l’archéologie ont également souvent des carrières qui peuvent les amener à travailler en archéologie préventive puis dans des organismes de recherche, et les passerelles sont possibles entre les deux. Un archéologue[...]
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Écrit par
- François GILIGNY : professeur des Universités, université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne
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