ARCHÉOLOGIE (Méthodes et techniques) L'archéologue et le terrain
La prospection
Si la fouille d’un site archéologique constitue la principale activité de terrain en archéologie, il faut préciser que ce n’est pas la seule : le terrain peut conduire en effet à d’autres types d’interventions. En premier lieu figure la prospection archéologique, qui est l’acquisition de données sur le sous-sol au moyen de diverses méthodes – pédestre, géophysique, par télédétection satellitaire, aérienne… – non destructives (sans ouvrir le sol). Ces prospections sont souvent indispensables pour circonscrire le site, recueillir des éléments de datation en surface, comme du mobilier, faire un plan des structures bâties et du site, etc. Elles sont parfois la seule activité de terrain possible, en zones protégées au titre de l’environnement par exemple, ou presque inaccessibles, comme en haute altitude ou sous couvert forestier dense.
Les sondages consistent à explorer le sous-sol, par tranchées ou carottages, dans des emplacements choisis, afin de reconnaître l’état de conservation du site, la puissance stratigraphique, la présence de structures en creux ou bâties, et de recueillir des éléments de datation et de caractérisation de la fonction du site.
En archéologie préventive, la procédure dénommée « diagnostic archéologique » est prescrite par l’État. Celui-ci nécessite la plupart du temps un recours à des moyens mécaniques, pour décaper superficiellement terres végétales et remblais dans le but d’atteindre les niveaux archéologiques. Ce diagnostic peut être suivi d’une fouille ou non s’il est négatif ou si les éléments ne sont pas suffisamment importants pour justifier une autre opération. Des stratégies d’échantillonnage particulières sont alors appliquées afin de couvrir systématiquement la plus grande étendue de terrain avec un minimum d’ouverture, fréquemment entre 5 et 10 % de la surface du site ou de celle concernée par les travaux d’aménagement – moins dans certains pays. Un travail d’échantillonnage à but paléoenvironnemental peut faire partie des interventions de terrain afin de reconnaître l’impact environnemental de la présence anthropique et d’analyser le rapport entre société et environnement. Des sondages ou carottages sont alors pratiqués, non seulement sur le lieu d’occupation archéologique mais aussi en dehors, dans des zones de tourbières ou des paléochenauxqui offrent de bonnes séquences paléoenvironnementales par exemple.
Il ne faut pas oublier qu’avant tout travail de terrain une recherche documentaire doit être entreprise pour faire la synthèse des données connues : publications, opérations archéologiques, découvertes fortuites, documents historiques, cartes et plans, clichés aériens, etc. Ces données sont accessibles via la carte archéologique nationale, quand elle existe, ou d’autres systèmes documentaires et services d’archives. Les procédures administratives sont également nécessaires afin d’obtenir les autorisations d’intervention sur le terrain et dépendent des conditions fixées par chaque pays selon ses lois. Tout projet de fouille est fondé sur un projet scientifique qui vise à répondre à des questions précises (chronologie, nature des occupations, cultures archéologiques présentes, fonctionnement du site, démographie et occupants…). Les méthodes, techniques et stratégies de fouille seront adaptées à ces problématiques.
L’activité de terrain peut aussi constituer un acte collaboratif scientifique fort, voire une action diplomatique impliquant les chercheurs de plusieurs institutions ou pays dans le cadre d’un consortium ou d’un partenariat.
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Écrit par
- François GILIGNY : professeur des Universités, université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne
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