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ARCHÉOLOGIE (Méthodes et techniques) L'archéologie urbaine

Création et organisation d'administrations spécifiques

En 1980, le ministère de la Culture, par l'entremise de sa toute récente Direction du patrimoine, sous-direction de l'Archéologie, organisa à Tours un colloque international entièrement consacré à la question de l'archéologie urbaine. Cette ville fut choisie de préférence à d'autres au patrimoine plus prestigieux, pour la raison précise de sa représentativité et parce que s'y conduisait depuis plusieurs années, avec le soutien de la ville, une expérience d'archéologie urbaine.

À la suite du colloque, le ministère de la Culture y installa, en 1984, le Centre national d'archéologie urbaine qui avait pour mission l'examen des conditions d'une meilleure prise en considération du patrimoine archéologique des villes, l'observation de l'évolution des techniques et des préoccupations, ainsi que l'information du milieu scientifique.

Une telle décision de l'État était fondée sur le caractère prioritairement scientifique de la pratique de l'archéologie urbaine. Elle reconnaissait ainsi à la question urbaine une spécificité due à la complexité du milieu urbain, à l'infinie variété des informations contenues dans le sol des villes, à la longueur des occupations urbaines, aux menaces que faisait peser la multiplication des travaux d'urbanisme sur le patrimoine.

Dans les perspectives européennes de l'époque, l'archéologie urbaine se définissait comme l'étude individuelle des villes et de leurs habitants dans la longue durée, depuis l'origine. Cela nécessitait l'élaboration de programmes de recherche et la présence, dans un nombre de villes aussi élevé que possible, d'équipes pluridisciplinaires regroupant des spécialistes de différentes périodes.

En France, comme ailleurs en Europe, cette dimension locale de l'archéologie urbaine, déclarée à l'origine comme une condition scientifique, ne résista pas aux réorganisations administratives, au changement d'échelle des découvertes engendrées en milieu rural par les grands travaux et au développement des politiques patrimoniales.

Les années 1970 avaient vu se développer des équipes locales, ici où là en Europe, dans des conditions administratives très différentes d'un pays à l'autre. Dans certains pays comme le Royaume-Uni, des programmes prioritaires furent menés, mettant l'accent sur quelques villes historiques.

Une telle discrimination fut l'objet de discussions vives dans le milieu archéologique en France : l'État, en charge du patrimoine de la Nation, ne pouvait soutenir une telle proposition qui rompait l'égalité des villes.

À partir de la décennie 1980, plusieurs facteurs concoururent à fondre l'archéologie des villes dans l'archéologie en général et à donner une importance plus grande aux aspects patrimoniaux. L'échelle de gestion archéologique qui s'imposa fut partout en Europe l'équivalent du département ou de la région. Là où il y avait des équipes urbaines, elles furent le plus souvent intégrées dans des structures au périmètre plus large. En France, les services de l'État furent renforcés et partiellement déconcentrés à l'échelon régional, ce qui entraîna l'exercice des prérogatives régaliennes depuis les capitales régionales.

Dans le même temps, pour faire face à une demande de plus en plus pressante en matière d'archéologie préventive en milieu rural comme urbain, l'Association pour les fouilles archéologiques nationales (A.F.A.N.) fut créée et développée à l'initiative du ministère de la Culture qui en fit son opérateur principal. La multiplication des archéologues, des opérations, l'immense potentiel révélé par les grands travaux linéaires (autoroutes, lignes de T.G.V.), la banalisation du coût des travaux d'archéologie[...]

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