ARCHÉOLOGIE (Méthodes et techniques) L'archéologie urbaine
Faits urbains
Le développement de la pratique archéologique conduit, par les situations problématiques mises au jour dans les dernières décennies, à reconsidérer ce qui qualifie l'urbain. Deux faits urbains majeurs guident l'appréhension des villes du passé : la ville classique ou antique et la ville médiévale. À chacune correspond une image type dont découlent des caractéristiques tangibles.
À la ville classique correspondent l'urbanisme, donc l'ordre et l'intérêt général, la monumentalité, le caractère éminemment politique. À la ville médiévale, le développement anarchique ; donc le désordre apparent, la concurrence des intérêts individuels ou communautaires, la religiosité, l'activité commerciale et artisanale. Quoique excessives et simplificatrices, ces caractéristiques définissent des mondes urbains profondément différents.
Ces deux états du fait urbain, le premier valant de 50 avant J.-C. (avant dans le midi de la France) à 300 après J.-C., le second à partir de 1100, en occultent d'autres. Ce qui est antérieur ou intercalaire apparaît ainsi proto-urbain ou transitoire. Les notions de villes retenues masquent l'existence d'une expression propre du fait urbain celte ou gaulois, comme la conception d'une longue transition entre Antiquité et Moyen Âge masque celle d'un fait urbain propre aux années 300-1100.
Les fouilles livrent de grands établissements ouverts au iie siècle avant J.-C. qui présentent de nombreux caractères reconnus comme constitutifs d'une ville. Il en va de même pour le haut Moyen Âge où, à côté des cités d'origine antique dont on a vu les problèmes que pose leur sol, apparaissent aussi des établissements aux activités spécialisées. Les oppida protohistoriques, créés en grand nombre vers 130-100 avant J.-C. en Europe non méditerranéenne, témoignent certainement d'une autre forme originale d'urbanisation.
Dans ces divers cas, on subodore des formes originales du fait urbain, ni antique ni médiéval, requérant donc une appréciation propre des situations, que l'archéologie de terrain commence à mettre au jour, renouvelant ainsi la question urbaine.
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Écrit par
- Henri GALINIÉ : directeur de recherche au C.N.R.S.
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