ARCHÉOLOGIE (Méthodes et techniques) La prospection archéologique
La prospection peut être définie comme une méthode globale d'appréhension de l'ensemble des traces des aménagements apportés par les sociétés humaines à leur environnement physique et vivant. Elle constitue une démarche en amont de la fouille, puisqu'elle permet de répondre à la question : « où est-il pertinent de fouiller » ? Les outils de la prospection sont variés et complémentaires : observations, études des documents anciens, mesures sur le terrain. Les échelles d'analyse le sont aussi : échelle régionale (au sens politique du terme, mais aussi reconnaissance du tracé d'un grand aménagement du type autoroute ou T.G.V.), échelle du site (ville, habitat rural, cimetière,...), échelle de la structure (fossé, fond de cabane, four, maison...). Contrairement à la fouille, la prospection ne détruit pas l'objet d'étude et elle permet de répondre, sans le moindre dommage, à beaucoup des questions que se pose l'archéologue.
La démarche de prospection commence par une étude documentaire. Une information précieuse existe en effet dans les documents graphiques anciens (cadastres, plans terriers...), comme dans les textes décrivant un état du paysage, un bâtiment, une fortification, la position d'un ruisseau, le type de cultures... Il ne faut pas négliger non plus les publications des « antiquaires » des deux derniers siècles, dont les observations peuvent se révéler très pertinentes, même si on a parfois quelques difficultés à en resituer la localisation.
La démarche se poursuit par des observations sur le terrain, avec l'aide, souvent, de l'archéologie aérienne. La vue depuis un avion permet d'identifier au sol des structures archéologiques, notamment par les différences de couleur et de hauteur des sols et des plantes. Les photographies réalisées ainsi ont permis de constituer un très riche corpus. Il peut être complété par les photographies verticales acquises systématiquement, qui couvrent presque toute la surface terrestre, et dont l'usage est facilité par l'accès direct que permet Internet. Les mêmes observations sont possibles au sol, quoique l'identification de la forme d'une structure y soit plus difficile en l'absence du recul que permet l'avion.
Au sol, le prospecteur peut surtout observer directement la présence de témoins – silex ou tessons de poterie principalement – dont le décompte lui permet d'évaluer et de cartographier la densité. Cette méthode dénommée « prospection pédestre » (traduction du field walking des Anglo-saxons) est celle qui, à ce jour, a permis d'inventorier le plus grand nombre de sites. Malheureusement, elle ne montre souvent (sauf dans les régions désertiques) que les sites attaqués par les labours, c'est-à-dire détruits ou en cours de destruction, elle est donc d'une application difficile en dehors des surfaces cultivées.
L'observation a ses limites. Ses résultats dépendent des connaissances antérieures et de l'entraînement de l'observateur, ce qui peut introduire des biais difficiles à identifier et à corriger. Ils dépendent aussi des conditions météorologiques, de l'état du sol, de celui de la végétation, et leur reproductibilité est aléatoire. Enfin, utilisant seulement la réflectivité de la surface, l'observation est incapable de remarquer les informations auxquelles ne correspond aucun contraste ; c'est, par exemple, le cas si le sol est noir. Pour pallier ces limites, on doit se tourner vers des mesures et en particulier les mesures géophysiques portant sur les propriétés du sous-sol, qui peuvent apporter des informations sur les contenus en profondeur, y compris sur les structures archéologiques. Rapides et légères, ces méthodes ont un coût compatible avec les budgets de l'archéologie.
La prospection géophysique : les principales propriétés[...]
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Écrit par
- Alain TABBAGH : professeur à l'université de Paris-VI-Pierre-et-Marie-Curie
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