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ARCHÉOLOGIE SOUS-MARINE

Les sites archéologiques sous-marins

Les épaves

Par leur nombre, par l'importance du matériel remonté de certaines d'entre elles, par la curiosité que suscite l'évocation d'un naufrage brutal et toujours mystérieux, les épaves constituent les sites de fouilles sous-marines les plus spectaculaires. Elles sont le plus souvent chargées d'amphores et c'est à ces grands vases de terre cuite, indestructibles, qu'on doit la conservation de la plupart d'entre elles : un navire chargé de sacs ou de tonneaux de bois pourrit rapidement sous la mer. Mais des cargaisons d'une autre nature ont été conservées : statues de bronze et de marbre à Mahdia, à Anticythère, au cap Artémision, colonnes de marbre à Mahdia et à Saint-Tropez, sarcophages attendant encore la taille de leurs bas-reliefs à San Pietro, près de Tarente, tuiles, barres de fer ou lingots de plomb, de cuivre et d'étain sur plusieurs gisements de Méditerranée occidentale.

Les épaves sont souvent situées à proximité d'un récif, où plusieurs peuvent même s'être superposées, ce qui pose des problèmes de fouille particulièrement difficiles. Mais on en trouve aussi en pleine eau, soit que le bateau ait chaviré, soit qu'après s'être ouvert sur un haut-fond il n'ait pas pu gagner la côte où son équipage cherchait à l'échouer.

L'aspect de l'épave dépend d'abord de la position du bateau quand il arrive au fond : la « belle épave » est en général celle d'un navire qui a coulé sans se retourner, sur un fond plat, sous plus de 15 mètres d'eau. À une profondeur moindre, le mouvement des vagues se fait encore sentir et bouleverse l'ordonnance du matériel. Une fois le naufrage accompli, les mouvements de la mer et les phénomènes biologiques agissent sur l'épave jusqu'à ce qu'un équilibre soit atteint. Selon la nature du sol, la partie inférieure s'envase plus ou moins. Les parois de la coque, dépassant du sable, sont rongées par les tarets et par l'eau. Elles s'effondrent, une partie de la cargaison se répand. Si le sol est en pente, elle peut rouler plus bas. Sinon elle se déverse sur les flancs du bateau. Le monticule fait obstacle au courant, retient la vase, attire la vie marine : il se comble peu à peu et forme un tumulus d'où émergent la ou les premières couches d'amphores. Voilà ce que trouve le plongeur en découvrant une épave vierge. Le but de la fouille sera de reconstituer autant que possible, en tenant compte d'une évolution due aux forces naturelles, l'aspect originel du bateau. Il est évident que la diversité des milieux et des fonds marins contribue à donner aux épaves des aspects très dissemblables.

Au cours de la fouille, l'archéologue rencontrera une cargaison souvent bouleversée dans ses couches supérieures, plus ordonnée dans sa partie inférieure. Parmi le chargement gisent bien d'autres objets. Les organeaux de plomb se conservent, et on rencontre souvent sur les bords d'une épave les ancres restées à poste. Les objets de fer avant de disparaître sont entourés d'une masse de concrétions qui moule leur forme en creux : en sciant ces gangues et en y coulant du plâtre on a reconstitué des haches et des pics romains ou byzantins et on pourrait sans doute retrouver la forme de certains agrès.

L'arrière des navires de commerce romains était régulièrement occupé par une cabine ou une cuisine. C'est là qu'on trouve les objets usuels : vaisselle de bord, outils, lampes, et parfois des pièces de monnaies qui donnent les meilleurs éléments de datation. Sous la cargaison apparaît ce qui reste de la coque : le massif d'emplanture, les varangues et la partie inférieure des membrures, les restes du bordé et parfois du vaigrage, enfin la quille.

Une épave antique représente donc un site archéologique[...]

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Écrit par

  • : chargé de recherche au C.N.R.S.
  • : maître assistant à l'université de Provence, centre d'Aix-en-Provence

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Médias

Jean-Yves Empereur - crédits : CEAlex/ D.R.

Jean-Yves Empereur

Statue de Riace - crédits : G. Nimatallah/ De Agostini/ Getty Images

Statue de Riace

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Assemblages des coques antiques (Madrague de Giens) [1]

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