- 1. Naissance et origine
- 2. Définition de la photogrammétrie
- 3. L'enregistrement des données : les opérations de terrain
- 4. L'analyse du couple photogrammétrique : la restitution
- 5. La photogrammétrie au service du patrimoine
- 6. Pratiques et utilisations patrimoniales
- 7. Traductions photographiques, graphiques et numériques
- 8. Bibliographie
ARCHÉOLOGIE (Traitement et interprétation) La photogrammétrie architecturale
L'analyse du couple photogrammétrique : la restitution
Dans l'appareil de restitution, les photographies sont observées en couple, en « stéréoscopie ». Le phénomène physiologique de la stéréoscopie renvoie à la vision naturelle de l'homme qui enregistre, avec ses yeux, deux images que le cerveau fusionne pour lui permettre d'avoir une vision en relief. Artificiellement, deux photographies prises de deux points de vue différents, et observées l'une par l'œil gauche et l'autre par l'œil droit, fusionnent en un modèle virtuel et spatial. Les appareils de restitution disposent de ce système d'observation équipé de loupes de fort grossissement, à partir duquel l'opérateur va pouvoir parcourir l'objet et en détailler les éléments significatifs à travers le réticule gravé d'un repère.
Les restituteurs les plus anciens étaient analogiques, car ils reproduisaient mécaniquement, par des jeux complexes de tiges, d'engrenages et de cames, l'intersection des rayons homologues. Le déplacement du repère lors de l'observation du modèle était lié aux déplacements d'index le long de trois chariots perpendiculaires ; ceux-ci matérialisaient l'espace autour de l'objet, et la lecture de leurs positions donnait les coordonnées trirectangulaires des points de l'objet. Jusqu'au milieu des années 1970, la lecture longue et complexe, effectuée à l'aide de verniers, n'était que peu utilisée, et le mesurage était dirigé en continu, par l'intermédiaire d'engrenages de précision, à une table à dessin qui le traduisait en une projection géométrale – plan, coupe ou élévation –à une échelle donnée. Cette occultation d'une des trois dimensions mesurées constituait une réduction du potentiel du procédé et l'assimilait à une machine à dessiner. L'arrivée de l'informatique a permis, dans une première phase, d'effectuer une lecture digitale des coordonnées, qui pouvaient être transmises à une table traçante comme précédemment, mais qui pouvaient aussi être conservées dans une mémoire pour une exploitation ultérieure.
Au début des années 1980, la conception est radicalement bouleversée, l'appareil devenant un restituteur analytique. L'observation des photographies reste stéréoscopique, mais le déplacement dans le modèle n'est plus traduit mécaniquement. Le mesurage, réduit aux coordonnées bidimensionnelles des points-images homologues, est transmis à l'ordinateur qui calcule, en temps réel, les coordonnées spatiales du point-objet. Celles-ci sont mémorisées et adressées à un écran de contrôle qui visualise l'analyse de l'objet. Cette analyse peut être complétée, modifiée, travaillée à l'aide de nombreux logiciels informatiques. La photogrammétrie retrouve ainsi la fonction de mesurage dans l'espace, et l'analyse de l'objet architectural livre alors une maquette numérique, qu'il est évidemment possible de traduire graphiquement mais qui peut aussi être soumise à des traitements sophistiqués.
En échappant à la rigidité de la mécanique, la photogrammétrie s'affranchit d'un certain nombre de limitations parmi lesquelles l'assimilation de la photographie à la perspective n'est pas la moindre. En effet, cette assimilation n'est vraie qu'avec des chambres très précisément usinées et appelées « métriques » ; calibrées et corrigées des aberrations optiques, elles donnent d'un objet une image proche, à quelques microns près, de la théorie perspective.
Dès 1991, les algorithmes et la puissance de calcul des ordinateurs rendent possible l'utilisation de chambres dites semi-métriques ou d'appareils photographiques classiques mais calibrés. Les supports numériques, dont la définition s'exprime aujourd'hui en millions[...]
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Écrit par
- Jean-Paul SAINT AUBIN : conservateur général honoraire
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