Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

ARCHÉOLOGIE (Traitement et interprétation) La photogrammétrie architecturale

Pratiques et utilisations patrimoniales

La réunion de cette documentation au cours des opérations d'inventaire se confronte à deux impératifs contradictoires d'exhaustivité et de rapidité. Exhaustivité, car il s'agit de documenter scientifiquement la totalité d'un patrimoine. Rapidité, car les modifications constantes du territoire menacent ce patrimoine de disparition.

La sagesse aurait voulu privilégier surtout les opérations de stockage d'informations. La photogrammétrie et les nouvelles techniques de scanner-laser proposent un constat daté du témoin culturel et offrent un microfichage spatial de l'édifice d'une fidélité incomparable. L'analyse est ainsi possible à tout moment, pour établir les documents indispensables à son étude comme à sa conservation. Cet archivage dépasse en outre la vision et les certitudes scientifiques actuelles. C'est pourquoi l'U.N.E.S.C.O., dès 1954 (Convention internationale de La Haye), recommandait l'usage des clichés photogrammétriques pour servir de base à tout inventaire. Les départements photogrammétriques du Bundesdenkmalamt, en Autriche, et de l'Inventaire général des monuments et richesses artistiques de la France travaillèrent en partie selon ces recommandations. Dans cet esprit, il faudrait également citer, après la Seconde Guerre mondiale, les archives réunies par le service de Meydenbauer en Allemagne dont on fit usage pour étudier ou réédifier des édifices disparus.

Mais l'explosion de l'industrie culturelle a mis l'accent sur la mise à disposition du public de ce patrimoine. Les opérations d'inventaires scientifiques, les descriptions architecturales ou archéologiques débouchant sur une analyse fine – monographique ou typologique –, et les études préalables aux interventions conservatoires ont donc fait place à des opérations médiatiques. Les visites virtuelles de monuments et de sites se multiplient sur les vitrines Internet des grandes institutions.

Depuis son invention, au milieu du xixe siècle, la photographie reste l'outil essentiel pour la description architecturale et archéologique. Mais celle-ci livre une image globale où le signifiant et l'insignifiant se mêlent dans une vision déformée par la perspective. Cette impossibilité de lire les formes réelles et d'obtenir les dimensions et les relations spatiales a fait privilégier le dessin qui offre la garantie d'une image contrôlée. Le dessin rassemble cependant une information « orientée », généralement liée à une problématique de recherche. Il fixe l'interprétation du dessinateur dans le cadre rigide d'une projection géométrique contrôlée et à partir d'un certain nombre de mesures relevées sur l'édifice. Par exemple, dans le relevé d'architecture traditionnel, les mesures sont en nombre limité et bien souvent ne concernent que des longueurs ; aussi, ce type de relevé repose-t-il bien souvent sur une idéalisation de l'objet. Les relevés d'architecture des xviiie et xixe siècles sont ainsi autant des témoignages sur les édifices que sur leurs auteurs et leurs hypothèses archéologiques.

Le recours à la photogrammétrie et, aujourd'hui, aux mesures laser, avec leurs possibilités de mesures innombrables et précises, introduit donc l'objectivité dans la sélection des informations retenues pour figurer l'objet. Cette mémoire de substitution offre une maquette virtuelle de l'objet, qui assure aussi bien des mesures ponctuelles que les déterminations formelles des lignes, des surfaces, de leurs relations par rapport à l'horizontale ou à la verticale. Ces données, organisées par l'opérateur, sont envoyées par l'intermédiaire de systèmes mécaniques ou informatiques à des tables à dessin et à des écrans, qui produiront des images sélectionnées mais objectives et surtout parfaitement évolutives avec la dialectique[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

Classification

Média

Photogrammétrie : principe - crédits : Encyclopædia Universalis France

Photogrammétrie : principe

Autres références

  • ARCHÉOLOGIE MÉDIÉVALE

    • Écrit par
    • 4 883 mots
    • 5 médias

    L’archéologie médiévale rassemble un large spectre de méthodes permettant d’étudier les témoignages matériels des cultures qui se sont succédé entre le ve et le xve siècle. Elle s’intéresse aussi bien aux structures enfouies ou en élévation qu’au mobilier et aux informations issues...

  • AFRIQUE (Histoire) - Préhistoire

    • Écrit par
    • 6 326 mots
    • 3 médias

    La préhistoire de l'Afrique est littéralement la préhistoire de l'humanité. Les recherches archéologiques effectuées en Afrique sont le fait de toutes les traditions académiques, offrant ainsi une multiplicité de perspectives sur l'évolution des sociétés humaines. En outre, le continent...

  • AFRIQUE (Histoire) - De l'entrée dans l'histoire à la période contemporaine

    • Écrit par , et
    • 9 654 mots
    • 6 médias

    L'histoire du continent tout entier apparaît comme une entreprise récente et difficile. Pendant longtemps, seules l'égyptologie, l'islamologie et l'histoire coloniale l'ont, chacune de son point de vue, abordée ; il faut noter du reste que les très anciens systèmes d'écriture, en Égypte, à Méroé, en...

  • AFRIQUE NOIRE (Arts) - Aires et styles

    • Écrit par , , , et
    • 15 151 mots
    • 2 médias
    ...d'archives, la connaissance très fragmentaire de cette histoire se fonde essentiellement sur l'étude conjointe des données livrées par la tradition orale et par l'archéologie. Le sol nous a laissé cependant peu de vestiges au regard d'autres régions du monde. Les raisons en sont simples : l'archéologie est...
  • AFRIQUE ROMAINE

    • Écrit par et
    • 9 564 mots
    • 10 médias

    La domination administrative et politique de Rome sur les diverses régions de l'Afrique du Nord (mis à part la Cyrénaïque et l'Égypte) s'étend sur près de six siècles : depuis la prise et la destruction de Carthage par Scipion Émilien (146 av. J.-C.) jusqu'au siège et à la...

  • Afficher les 245 références