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CLASSIQUE ARCHITECTURE

Selon le locuteur et le contexte, l'expression d'« architecture classique » prend des sens extrêmement variés, en contenu et en extension. L'adjectif « classique » s'applique en effet à la fois à l'Antiquité gréco-romaine dans son ensemble et aux phénomènes liés à l'imitation de cette culture (on parle ainsi d'« archéologie classique », ou du « langage classique de l'architecture »), et à de courtes périodes (l'Athènes de Périclès, la Rome d'Auguste, le siècle de Louis XIV) qui apparaissent comme des moments de perfection auxquels on attache des valeurs formelles et esthétiques particulières de mesure et d'harmonie (on oppose ainsi communément l'« équilibre classique » à la « rhétorique théâtrale du baroque »). Pour la période antique, il y a seulement emboîtement entre un sens large et des champs historiques particuliers, et l'on se reportera aux développements afférents (cf. grèce - Les arts de la Grèce, rome et empire romain - L'art romain).

Pour la période moderne, l'expression désigne l'ensemble des expressions architecturales liées à la renaissance du langage architectural de l'Antiquité, et plus particulièrement les moments ou les œuvres qui serrent au plus près le langage des ordres antiques – renaissance classique au temps de Henri II, classicisme d'Inigo Jones ou de Van Campen –, mais aussi l' architecture française du demi-siècle (1640-1690) où s'impose un usage tempéré des ordres et des ornements, et plus généralement toute expression architecturale qui fait fonds sur la sobriété plus que sur l'abondance : il n'y a donc pas seulement emboîtement, mais aussi interférences avec la notion antonyme, ou pseudo-antonyme, de « baroque ».

Petite rétrospective sémantique

Chef-d'œuvre de l'architecture classique pour Anthony Blunt, le château de Maisons par François Mansart est considéré par Emil Kaufmann comme exemplaire du système de composition baroque. Par extensions successives et inverses, le champ sémantique des deux adjectifs a fini par interférer, s'emboîter, voire se recouvrir. Aussi pour contrôler cette polysémie foisonnante, il convient d'abord, comme pour le baroque, de conduire une déconstruction historique de la notion de classique, qui permette de distinguer les strates sémantiques successives, que bouleversent allègrement les usages sauvages du langage courant. Ce préalable acquis, un emploi raisonnable du mot peut être à nouveau proposé, pourvu qu'on ne cède pas au nominalisme, qui consiste à croire que la notion de classicisme préexiste au corpus qui sert à la définir.

« Classique, adj. m. f., écrit Furetière dans son Dictionnaire en 1690, qui ne se dit guère que des auteurs qu'on lit dans les classes, dans les écoles, ou qui y ont une grande autorité. Aulu-Gelle dans ses Nuits attiques met au rang des auteurs classiques ou choisis Cicéron, César, Salluste, Virgile, Horace... Ce nom appartient particulièrement aux auteurs qui ont vécu du temps de la République et sur la fin d'Auguste, où régnait la bonne latinité, qui a commencé à se corrompre du temps des Antonins. » Dans la seconde moitié du xviiie siècle, le mot est étendu aux auteurs modernes, « dont il faut imiter autant qu'on peut les parfaits modèles », particulièrement ceux du siècle de Louis XIV, « nos auteurs classiques », selon le mot de Voltaire, dont l'Académie projette de publier en 1761 un recueil.

Employé primitivement pour la seule littérature, le mot est ensuite étendu par contiguïté ou analogie à l'art en général, et à l'architecture en particulier, de ces périodes historiques privilégiées. Au milieu du xviiie siècle, au moment où dans son Siècle de Louis XIV Voltaire fait l'éloge des auteurs français classiques,[...]

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Écrit par

  • : professeur d'histoire de l'art à l'université de Paris-IV-Sorbonne

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