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ARCHITECTURE CONTEMPORAINE Construire aujourd'hui

L'architecture au défi du développement durable

Au regard des défis environnementaux, l'architecture contemporaine se trouve placée dans une situation quelque peu paradoxale. En théorie, chacun s'accorde à reconnaître l'urgence qu'il y a à repenser la discipline architecturale en fonction des impératifs de développement durable. Le bâtiment est grand dévoreur de matériaux et d'énergie. En l'an 2000, l'humanité consommait par exemple une moyenne de 271 kilogrammes de ciment par personne, ce qui faisait au total plus de 1,6 milliard de tonnes. Les constructions modifient par ailleurs profondément l'environnement. Pour le meilleur et pour le pire, le cadre bâti constitue l'un des principaux legs d'une génération à l'autre. Qu'allons-nous laisser à nos descendants ? Une terre polluée couverte de villes édifiées à la hâte, sans souci de préserver un minimum de qualité de vie, ou un environnement plus équilibré ? Toute la thématique du développement durable est là : dans le souci de ne pas faire payer un prix trop lourd aux générations futures, de leur laisser une marge de manœuvre comparable à celle dont nous avons disposé à la naissance.

Des réponses en ordre dispersé

Au regard de ce noble objectif, force est de constater le caractère disparate et surtout limité des réponses apportées jusqu'à présent par les architectes. On peut bien sûr les rendre seuls responsables de ce décalage en leur reprochant par exemple de sacrifier exagérément à l'esthétique et de manquer de la compétence technique qui leur permettrait de relever le défi du développement durable. Les choses sont un peu plus complexes en réalité.

Il convient tout d'abord de se garder des boucs émissaires commodes. Si la taille moyenne des maisons individuelles nord-américaines a triplé en cinquante ans, une évolution certainement condamnable en termes de développement durable, ce n'est certes pas la faute des architectes. Un peu partout dans le monde, ces derniers ne contrôlent que des segments extrêmement limités de la commande. Une architecture durable réclame une prise de conscience globale. Dans les pays développés, cette prise de conscience doit entraîner un changement profond des modes de vie et de consommation.

À ces raisons en quelque sorte externes à la discipline architecturale s'ajoutent des difficultés liées à la multiplicité des facteurs qu'il convient de prendre en compte. La thématique de l'architecture durable recouvre en effet des questions assez différentes les unes des autres.

En architecture, la notion de durabilité est venue tout d'abord relayer le souci d'économie d'énergie qui s'était exprimé au lendemain du premier choc pétrolier en donnant naissance à toutes sortes d'expérimentations concernant l'isolation, ou encore le captage et l'utilisation de l'énergie solaire. Les recherches ont continué ; elles débouchent aujourd'hui sur des propositions originales concernant tous les aspects énergétiques de la construction. Pourquoi chauffer les espaces alors que ce sont les usagers et leur confort qui comptent en réalité, se demande-t-on par exemple ? D'autres réflexions portent sur l'éclairage et sur la façon de le rendre plus efficace, sur la possibilité de diminuer la part de la ventilation mécanique au profit de la ventilation naturelle.

Un second ensemble de questions a trait aux matériaux et à leur usage. On estime que la production du ciment représente de 3 à 5 p. 100 des émissions annuelles de CO2 dans l'atmosphère. Même s'il est impossible de se passer totalement de ciment et de béton, il semble souhaitable de parvenir à une limitation de leur emploi au profit de matériaux moins dommageables pour l'environnement, voire recyclables à l'instar de l'acier, du bois[...]

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Écrit par

  • : professeur d'histoire de l'architecture et des techniques à la Graduate school of design de l'université Harvard, Cambridge, Massachusetts (États-Unis)

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Médias

Grande Arche de la Défense - crédits : Doug Armand/ The Image Bank/ Getty Images

Grande Arche de la Défense

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