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ÉPHÉMÈRE ARCHITECTURE

Architecture éphémère et architecture durable

L'éphémère comme terrain d'expérience

L'architecture éphémère a donc représenté pendant des siècles une part importante de l'activité artistique. Le manque de temps pouvait parfois imposer des solutions rapides, et l'architecte se contentait de copier une œuvre existante, comme le fit par exemple Fontana pour le catafalque tempietto de Sixte Quint à Rome en 1591 en reprenant le dessin d'un de ses propres tabernacles. On pouvait aussi réemployer des éléments démontables, de bois ou de plâtre, déjà utilisés dans de précédentes occasions. Le cas est attesté à maintes reprises à Florence sous les grands-ducs. Le Cours d'architecture de J. F. Blondel (1771-1777) recommande fort cette pratique et suggère la création de magasins et d'ateliers spéciaux pour conserver corps d'architecture, décors figurés, etc., et en former un fonds constamment disponible.

Mais si l'étude des structures éphémères s'impose depuis quelque temps à l'historien de l'architecture, c'est en raison de leur fréquente qualité d'invention et de leur valeur expérimentale : cette pratique permettait, en effet, aux architectes de faire des essais et des propositions grandeur nature et in situ. L'un des cas les plus significatifs est celui de la pose de la première pierre de l'église Sainte-Geneviève (futur Panthéon) à Paris, en 1764. Pour pousser le roi et les donateurs éventuels à soutenir l'opération, Soufflot, architecte chargé du bâtiment, exécuta en collaboration avec le peintre Demachy une maquette grandeur nature de son projet, en moellons, plâtre, charpente et toiles peintes sur châssis. Après quoi, Demachy peignit une vue de la cérémonie qui donne au bâtiment l'apparence du vrai, comme si les parties peintes sur toile en trompe l'œil avaient été exécutées en trois dimensions.

Dès le xvie siècle, et de façon systématique à partir du xviie, une vue, le plus souvent gravée, qui escamote le trompe-l'œil et l'aspect provisoire, accompagne l'architecture éphémère, l'assimile à une architecture véritable et lui offre la survie dont les amateurs, comme Vasari en 1565, la jugeaient souvent digne. Ainsi avons-nous conservé un grand nombre de fort intéressantes « propositions ». Quelques exemples pris au hasard suffiront à en témoigner. En 1587, Buontalenti fit démolir la façade de la cathédrale de Florence, commencée au xive siècle et restée inachevée, pour la remplacer par une façade moderne. Mais, en 1589, pour les noces de Ferdinand Ier, il n'avait pas encore pu donner suite à cette affaire ; un des membres de l'équipe d'artistes chargée de la reconstruction exécuta donc une façade éphémère correspondant au projet de style michelangélesque alors étudié, et qui ne fut jamais réalisé. De même en 1610, pour la canonisation de Charles Borromée, la façade postiche posée par Girolamo Rainaldi sur Saint-Pierre représentait une solution michelangélesque dans le débat qui devait s'achever en 1614 avec la façade de Maderno. À Rome, à partir de 1590 et tout au long du xviie siècle, on érigeait pour les Possessi pontificaux un arc de triomphe de bois et de stuc au sommet de l'escalier du Capitole. Tous sont connus par des gravures. Sur certaines d'entre elles, l'arc encadre admirablement la statue équestre de Marc Aurèle. L'idée d'une réalisation durable, qui aurait fort bien complété l'ensemble monumental, a certainement traversé toute l'époque. La proposition la plus nette est celle de Carlo Rainaldi, gravée par Falda (1670), où l'architecte a pris soin d'adapter son style à celui du reste de la place.

Lorsque les architectes atteignaient leur but, la proposition était acceptée pour une réalisation durable. Un exemple[...]

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Crystal Palace, lithographie de George Baxter

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