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ARCHITECTURE ET DESIGN AU CENTRE GEORGES-POMPIDOU, PARIS

Depuis son inauguration en 1977, le Centre national d'art et de culture Georges-Pompidou a joué un grand rôle, tant en France qu'à l'étranger, dans le domaine des expositions d' architecture et de design. Cependant, la fonction et le sens de ces manifestations ont connu des changements qui traduisent une affirmation et une reconnaissance institutionnelles, en même temps qu'un écart par rapport au projet d'origine. Son évolution a ainsi épousé les fluctuations du goût, voire de la mode, et témoigne du rôle problématique joué par la fonction muséale dans la société contemporaine.

Une mission originelle

Le Centre de création industrielle (C.C.I.) a été créé par l'Union centrale des arts décoratifs en octobre 1969, avant d'être intégré, en 1972, au Centre national d'art et de culture Georges-Pompidou, alors en phase de préfiguration, dont il devient, en 1973, l'un des deux départements, avec le Musée national d'art moderne (M.N.A.M.).

À l'origine, le C.C.I. se propose d'analyser les relations des individus et des collectivités à l'environnement des sociétés industrielles. Par différents types de manifestations, il s'agit de susciter des réflexions sur la signification des formes familières de la vie quotidienne. Le projet, porté par François Mathey, directeur du musée des Arts décoratifs, et par François Barré, qui dirige le C.C.I. jusqu'en 1976-1977, vise à décloisonner les disciplines, à prendre en compte les domaines de l'architecture, de l'urbanisme, des communications visuelles et des fonctions collectives. C'est donc un projet global qui le sous-tend, dans la lignée des Arts and Crafts fondés par William Morris en Angleterre au xixe siècle, et, toutes proportions gardées, du Bauhaus des années 1920 en Allemagne.

La fonction critique du C.C.I. est primordiale. C'est une sorte d'anti-musée, car il n'a pas vocation à collectionner des œuvres mais, par des expositions ponctuelles, à porter des interrogations sur l'environnement. On doit à ses animateurs de nombreuses expositions thématiques, parmi lesquelles L'Espace collectif, ses signes et son mobilier (1970), L'Espace urbain en U.R.S.S. 1917-1978 (1978) ou Architecture et industrie (1983).

Les expositions thématiques organisées dans ce cadre par Jean Dethier méritent une mention à part, du fait de leur retentissement en France et à l'étranger – ainsi Architectures alternatives aux U.S.A. (1975), montrant les réalisations de la contre-culture américaine des années 1960-1970, ou Café, bistrots et compagnie (1977), sur l'évolution d'un lieu emblématique de la société française, du xviiie siècle à aujourd'hui. En 1978, Le Temps des gares expose la gare ferroviaire comme lieu révélateur de la société industrielle, de 1830 à nos jours. En 1981, Des architectures de terre ou l'avenir d'une tradition millénaire montre les architectures traditionnelles populaires et savantes de terre crue, en Occident et dans le Tiers Monde. En 1984, Nouveaux Plaisirs d'architectures met en contexte le postmodernisme européen et américain. L'année suivante, L'architecture est un jeu magnifique présente les maquettes d'architectures imaginaires en briques Lego, quand Châteaux Bordeaux (1988) plaide en faveur d'une reconnaissance culturelle des châteaux bordelais à vocation viticole.

Une deuxième catégorie d'expositions est organisée non plus seulement par le C.C.I., mais aussi par le M.N.A.M. (en lien, le cas échéant, avec la Bibliothèque publique d'information – B.P.I. – et l'Institut de recherche et de coordination acoustique-musique – I.R.C.A.M. –). L'architecture s'y trouve présentée dans un contexte artistique global, au même titre que la peinture, la sculpture, les arts graphiques et le design. Certaines de ces manifestations ont fait[...]

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Écrit par

  • : professeur d'histoire de l'art à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne, directeur de l'École doctorale d'histoire de l'art

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