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ARCHITECTURE ET DESIGN AU CENTRE GEORGES-POMPIDOU, PARIS

Une collection d'architecture

Cette évolution coïncide également avec le projet, qui s'affirme peu à peu au cours des années 1980, de constituer une collection d'architecture propre au Centre. Nommé directeur du M.N.A.M. et du C.C.I. en 1990, Dominique Bozo soutient cette initiative, entérinée par un décret de Jack Lang en 1992. L'objectif est entre autres de rivaliser avec le Museum of Modern Art de New York, qui, dès ses origines, en 1929, avait accueilli un département d'architecture et de design – le réseau international des institutions muséales qui accueillent l'architecture comportant aussi le Centre canadien d'architecture à Montréal et le Deutsches Architektur Museum de Francfort. Il s'agissait aussi de se positionner par rapport à des institutions françaises comme l'Académie d'architecture, l'Institut français d'architecture créé en 1980, le Centre d'archives d'architecture du xxe siècle, établi en 1989, et la collection du F.R.A.C.-Centre, à Orléans, axée sur l'architecture à partir de 1991.

En 1992, l'expositionManifeste permet de présenter les premières pièces de la collection selon deux grands courants : l'architecture inspirée par les technologies de pointe et les innovations provenant du monde industriel, ou conçue comme recherche sculpturale et manipulation de formes et de volumes.

Au départ, la collection est centrée sur la période contemporaine, depuis 1960. Par la suite, elle s'augmentera de pièces antérieures, même si l'accent reste mis sur la période récente. L'ensemble n'est pas conçu pour être exhaustif, ni pour constituer une histoire de l'architecture contemporaine. Il s'agit plutôt d'une histoire des manières de faire des projets d'architecture au xxe siècle.

Les supports collectionnés sont variés. Ils vont des documents graphiques de toutes sortes aux écrits et aux maquettes, en passant par des CD-ROM (Nouvelles architectures, Fonds régionaux d'art contemporain, 2012). Il peut s'agir aussi de fragments de structure, de prototypes d'édifices, de films, de photographies de chantier, etc. L'idée est de donner à voir des témoignages du travail de conception inhérent à l'activité architecturale.

En 2000, Frédéric Migayrou, nommé conservateur des collections de design et d'architecture du M.N.A.M./C.C.I., poursuit la politique d'acquisitions dans cet esprit. Sa première exposition en tant que commissaire, Architectures non standard (2003), renoue avec les manifestations de type thématique en montrant les effets de la généralisation du numérique dans le processus de création actuel. En revanche, Mallet-Stevens architecte, 1886-1945 et Charlotte Perriand 1903-1999 (2005) et Ron Arad. No discipline (2008) continuent la lignée des rétrospectives monographiques, produits des dernières recherches sur des figures encore injustement négligées.

Le rôle essentiel joué par le Centre Georges-Pompidou dans la connaissance de l'architecture contemporaine s'impose lorsque l'on considère la situation depuis son ouverture. Jusqu'à la fin des années 1960, les lieux d'expositions d'architecture étaient quasi inexistants en France. Sous ce rapport, la présence du Centre dans le paysage architectural et intellectuel français est considérable. L'exemple du MoMA de New York est là pour rappeler l'efficacité de l'institution muséale dans l'histoire de l'architecture. Il en va de même pour le Centre Georges-Pompidou.

— Claude MASSU

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Écrit par

  • : professeur d'histoire de l'art à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne, directeur de l'École doctorale d'histoire de l'art

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