ARCHITECTURE (Matériaux et techniques) Acier
Évolution de l'emploi architectural de l'acier
Dans un premier temps, on rapprocha couramment la fonte, pour les éléments comprimés, et l'acier, pour les éléments soumis à la traction. Ainsi fut érigé en 1851, à l'occasion de l'Exposition universelle de Londres, l'édifice de Joseph Paxton connu sous le nom de Crystal Palace : une toiture vitrée en plein cintre dans une ossature réticulée en acier et en fonte.
C'est à partir des procédés Bessemer (1856), Martin (1864) et Thomas (1876), permettant de fabriquer des aciers normalisés, que ce métal prit toute son importance comme matériau de construction. Son prix de revient considérablement abaissé, il fut possible d'en envisager l' industrialisation. Profils laminés en acier, tôles ou tubes, exigent pour leur fabrication des installations coûteuses qui ne peuvent être rentables que dans une production de grande série. L'acier fit naître cette force économique nouvelle en matière de construction, la fabrication d'éléments de construction « standards » que l'architecte ou le constructeur viennent choisir sur catalogue. C'est cette qualité de produit industriel qui explique sans doute les scrupules qu'on eut d'abord à exhiber le nouveau matériau.
Utilisation cachée de l'acier
Au moment où se généralise l'utilisation de l'acier, commence l'histoire des gratte-ciel américains. La résistance de l'acier permettait d'absorber le poids des étages supérieurs sans grossir démesurément les éléments inférieurs ; les matériaux traditionnels auraient nécessité de tels renforcements que l'espace des étages inférieurs eût été inutilisable. Mais, pendant longtemps, on n'employa ce nouveau matériau que derrière des décors mensongers ; des murs épais garnis de colonnes antiques masquaient l'ossature. Lorsqu'on s'en sert ostensiblement, ce n'est que pour des ouvrages dits utilitaires. C'est précisément dans l'expression franche de la structure métallique en façade, et dans l'affirmation de la non-portance des murs, qu'on s'accorde à déterminer les œuvres pionnières parmi les premiers gratte-ciel américains. Tel est le cas du Home Insurance Building de Baron Jenney, le plus notable des architectes de l'« école de Chicago », qui ont été les inaugurateurs des steel frames.
Acier et verre
Il fallut attendre la Seconde Guerre mondiale pour que l'on cessât de recouvrir les ossatures de lourdes façades de pierre. En 1922, Mies Van der Rohe écrivait : « Nous pouvons voir plus clairement les nouveaux principes structuraux quand nous utilisons du verre à la place des murs extérieurs, ce qui est faisable aujourd'hui puisque, dans une construction squelette, ces murs ne portent plus maintenant le poids. L'utilisation du verre impose maintenant de nouvelles solutions. »
Pour un temps, la plastique de l'acier allait être tributaire de la technique du verre. En 1952, le Lever House de Skidmore, Owings et Merrills fut revêtu de verre teinté antithermique, absorbant les rayonnements. Si l'architecture de verre est née de l'acier, l'architecture d'acier, inversement, n'était guère possible, sauf dans le cas de programmes particuliers, sans le verre. Cette évolution de l'architecture de l'acier vers une architecture de transparence semble avoir atteint son apogée dans les chefs-d'œuvre de Mies Van der Rohe (Illinois Institute of Technology, 1952, Farnsworth House, 1950, Seagram Building, 1958), de Philip Johnson (maison à New Canaan, 1949), de Richard Neutra (maison de santé de Lovelle, 1927).
Décor structural
Cependant, ce dépouillement de tout décor qu'autorise le verre, succédant à l'exubérance décorative du xixe siècle, cette transparence et cette franchise de l'ossature d'acier[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Philippe BOUDON : D.P.L.G. en architecture, docteur d'État
Classification
Médias
Autres références
-
ARCHITECTURE & ÉTAT AU XXe SIÈCLE
- Écrit par Anatole KOPP
- 3 970 mots
- 3 médias
L'intervention de l' État dans le domaine de l' architecture ne constitue pas un phénomène nouveau. De tout temps et sous tous les régimes, l'État est intervenu dans la mesure où toute réalisation architecturale met en cause les intérêts de couches de population bien plus larges que celles...
-
ARCHITECTURE & MUSIQUE
- Écrit par Daniel CHARLES
- 7 426 mots
- 1 média
La comparaison, tentée à maintes reprises, entre architecture et musique a donné lieu en général à des slogans du genre « l'architecture est une musique figée ». On ne s'est pas privé non plus de constater que les œuvres de la « grande » musique occidentale s'étaient peu à peu solidifiées en objets,...
-
INGÉNIEUR ET ARCHITECTE
- Écrit par Antoine PICON
- 4 261 mots
- 5 médias
Au cours de la Renaissance, les figures de l'architecte et de l'ingénieur se confondent pratiquement. Filippo Brunelleschi, généralement considéré comme un des pères fondateurs de l'architecture renaissante, est presque autant ingénieur qu'architecte. Ne conçoit-il pas les machines destinées...
-
ANDROUET DU CERCEAU JACQUES (1520-1586)
- Écrit par Jean GUILLAUME
- 967 mots
Jacques Androuet du Cerceau (appelé le plus souvent « Du Cerceau », dû au motif de l'enseigne de la boutique de son père qui était marchand de vin) fut à la fois un graveur, un dessinateur, un créateur d'ornements, un inventeur d'architectures réelles ou imaginaires et l'auteur du premier ouvrage...
-
ANTHROPOMORPHIQUE ARCHITECTURE
- Écrit par Martine VASSELIN
- 1 060 mots
De tout temps les architectes ont senti qu'il existait des affinités autres que d'usage entre les édifices et les hommes. La critique architecturale l'exprime confusément qui parle de l'ossature, des membres, de la tête ou de l'épiderme d'une construction. Mais cette impression...
-
APPAREIL, architecture
- Écrit par Roland MARTIN
- 4 325 mots
- 2 médias
En termes d' architecture, l'appareil désigne les modalités d' assemblage, de liaison et de mise en valeur des matériaux de la construction. Il est un des éléments essentiels du caractère de l'édifice dont il souligne au premier coup d'œil les structures et souvent la fonction....
-
ARC DE TRIOMPHE
- Écrit par Gilbert-Charles PICARD
- 1 627 mots
- 9 médias
Un arc de triomphe est une structure architectonique composée de deux pylônes reliés par une voûte en plein cintre ; elle supporte par son intermédiaire un attique, base rectangulaire massive qui elle-même porte des statues. L'arc comprend en outre des colonnes plaquées contre les pylônes qui soutiennent...
- Afficher les 40 références