ARCHITECTURE (Matériaux et techniques) Bois
La paroi de bois
Le support du comble charpenté prend les formes les plus diverses : poutres empilées horizontalement ou juxtaposées verticalement, simples poteaux entre lesquels viennent prendre place des parois légères et indépendantes, ou véritable « mur charpenté ». Ces trois orientations correspondent à la fois à des particularismes géographiques et à des évolutions historiques que les découvertes archéologiques mettent aujourd'hui en évidence.
L'empilement
La pose par empilement des pièces de bois entrecroisées à mi-bois à leurs extrémités a encore de nos jours la faveur des régions où abondent les résineux à croissance rectiligne : de cette technique sont issus les chalets du massif alpin, de Suède et de Norvège, ou les isbas russes. La présence de murs de refend dans les constructions les plus vastes permet d'en raidir les parois latérales, et de constituer les indispensables relais pour supporter les pannes de couverture simplement posées. Le seul poids des éléments mis en œuvre suffit à assurer la stabilité de l'ensemble. On note cependant le souci, dans certaines régions comme le Tyrol, d'accroître la solidité des édifices par une structure de contrefiches obliques, apparentes sur la paroi externe où l'on utilise également leurs qualités décoratives.
Dans ces mêmes régions d'Europe du Nord sont apparues des structures mixtes, où les empilements de rondins et de larges planches sont maintenus dans les rainures de poteaux placés à intervalles réguliers. L'archéologie a révélé que de semblables structures existaient en France aux xie et xiie siècles (abbaye de Boscherville ou motte de Mirville en Seine-Maritime par exemple) où cette pratique coexiste avec deux autres systèmes : celui du mur-palissade constitué d'épaisses planches bouvetées entre elles, fichées en terre et munies de poteaux aux angles ; et celui, plus élaboré, qui interpose une sablière rainurée sous les planches bouvetées, ce qui donne plus de cohésion à l'ensemble. Le principal inconvénient de ces systèmes, cause de leur abandon, tient au fait de devoir ficher en terre – et d'exposer ainsi à l'humidité – les éléments verticaux pour en assurer la stabilité. Les constructions à comble porté sur poteaux isolés et la technique du pan de bois soigneusement isolé du sol y remédieront.
Les poteaux isolés
Les poteaux isolés assument une seule des fonctions dévolues au mur : porter le comble charpenté. La clôture de l'édifice, lorsqu'elle est nécessaire, est traitée indépendamment, au moyen de murs de maçonnerie isolés de la structure portante, ou de parois légères encastrées dans les poteaux. La Chine et le Japon ont largement utilisé ces deux types d'édifices où de nombreuses consoles disposées orthogonalement assurent la stabilité verticale du poteau. En Europe, les poteaux sont parfois agencés avec des croix de Saint-André étrésillonnant les parties hautes : c'est le parti adopté dans l'élément central des « stavkirke » scandinaves édifiées aux xie et xiie siècles ; celui-ci, conjugué aux massifs aisseliers courbes, assure le contreventement des arbalétriers de la charpente à pannes.
Le pan de bois
Nous sommes avec le pan de bois en présence d'une structure composite très répandue dans l'Europe de l'Ouest : l'Allemagne, la France et le Danemark en conservent encore de très nombreux exemples. Le pan de bois est formé d'un certain nombre d'organes correspondant à chacune des fonctions du mur : support, contreventement, clôture de l'espace. Sur chaque pièce de bois se lit cette fonction, exprimant les efforts qui s'exercent sur elle. Les poutres des plafonds participent à la cohésion de la structure de ces murs charpentés : soigneusement assemblées dans les poteaux du pan de bois, elles rendent solidaires les murs porteurs. Le pan de bois est ainsi[...]
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Écrit par
- Yves LESCROART : conservateur régional des Monuments historiques de Basse-Normandie
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