ARCHITECTURE (Matériaux et techniques) Terre
L'expression « architecture de terre » désigne l'ensemble des édifices maçonnés en terre crue, et exclut à la fois l'architecture de brique (terre cuite) et les cavités creusées dans les sols meubles qu'on trouve en Andalousie, au sud de la Tunisie et surtout dans la « ceinture de lœss » où vivent plus de dix millions de Chinois.
Le matériau de construction que l'on nomme béton de terre, boue séchée, terre battue, pisé, torchis, adobe (mot d'origine arabo-hispanique adopté en américain) est employé depuis au moins dix mille ans. Il a servi à construire les premières villes connues. Aujourd'hui, le tiers de l'humanité, peut-être davantage, vit dans des habitats de cette sorte. Des palais, des fortifications, des villes entières bâtis en pisé défient les siècles, s'ils sont annuellement entretenus. Laissés sans soin, ils fondent sans qu'en subsiste la moindre trace.
Aperçu historique et géographique
La construction en terre est demeurée courante dans toute l'Europe, urbaine et rurale, jusqu'au xxe siècle et, en France même, jusqu'aux années 1930 (Durance, Lyonnais, Normandie, région de Rennes, Sologne, Vendée). Parmi les logements ruraux français construits avant 1914 et encore debout, 15 p. 100 sont en terre. Quelques immeubles citadins en terre demeurent habités, à Lyon et Reims entre autres. Dans le reste de l'Europe, le plus marquant est en Allemagne, à Weilburg an der Lahn (Hesse). Il a sept étages. Construit en 1820, il reste en parfait état.
Dans les pays du Tiers-Monde, hors des forêts équatoriales où l'on construit tout en charpente et en vannerie, le pisé était encore récemment utilisé par tous, riches et pauvres. Les seigneurs d'Arabie ou du Sahara vivaient dans leurs palais de torchis un luxe raffiné, et les sultans du Maroc eux-mêmes ne dédaignaient pas d'édifier en terre des mosquées importantes (Tinmal), ou l'enceinte de leurs villes impériales. Le gouverneur britannique du Nigeria faisait, en 1900, bâtir sa résidence de Kano entièrement en terre, selon l'antique usage haoussa. La diffusion des matériaux modernes a, comme ailleurs, peu à peu dévalorisé les constructions de terre, si bien qu'il n'existe probablement plus guère de notables qui en aient conservé le goût. Elles restent cependant si courantes chez les peuples pauvres qu'elles y suivent à peu près l'expansion démographique.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Gérard BAUER : urbaniste et architecte
- Jean DETHIER : architecte-conseil au Centre Georges-Pompidou, Paris
Classification
Médias
Autres références
-
ARCHITECTURE & ÉTAT AU XXe SIÈCLE
- Écrit par Anatole KOPP
- 3 970 mots
- 3 médias
L'intervention de l' État dans le domaine de l' architecture ne constitue pas un phénomène nouveau. De tout temps et sous tous les régimes, l'État est intervenu dans la mesure où toute réalisation architecturale met en cause les intérêts de couches de population bien plus larges que celles...
-
ARCHITECTURE & MUSIQUE
- Écrit par Daniel CHARLES
- 7 426 mots
- 1 média
La comparaison, tentée à maintes reprises, entre architecture et musique a donné lieu en général à des slogans du genre « l'architecture est une musique figée ». On ne s'est pas privé non plus de constater que les œuvres de la « grande » musique occidentale s'étaient peu à peu solidifiées en objets,...
-
INGÉNIEUR ET ARCHITECTE
- Écrit par Antoine PICON
- 4 261 mots
- 5 médias
Au cours de la Renaissance, les figures de l'architecte et de l'ingénieur se confondent pratiquement. Filippo Brunelleschi, généralement considéré comme un des pères fondateurs de l'architecture renaissante, est presque autant ingénieur qu'architecte. Ne conçoit-il pas les machines destinées...
-
ANDROUET DU CERCEAU JACQUES (1520-1586)
- Écrit par Jean GUILLAUME
- 967 mots
Jacques Androuet du Cerceau (appelé le plus souvent « Du Cerceau », dû au motif de l'enseigne de la boutique de son père qui était marchand de vin) fut à la fois un graveur, un dessinateur, un créateur d'ornements, un inventeur d'architectures réelles ou imaginaires et l'auteur du premier ouvrage...
-
ANTHROPOMORPHIQUE ARCHITECTURE
- Écrit par Martine VASSELIN
- 1 060 mots
De tout temps les architectes ont senti qu'il existait des affinités autres que d'usage entre les édifices et les hommes. La critique architecturale l'exprime confusément qui parle de l'ossature, des membres, de la tête ou de l'épiderme d'une construction. Mais cette impression...
-
APPAREIL, architecture
- Écrit par Roland MARTIN
- 4 325 mots
- 2 médias
En termes d' architecture, l'appareil désigne les modalités d' assemblage, de liaison et de mise en valeur des matériaux de la construction. Il est un des éléments essentiels du caractère de l'édifice dont il souligne au premier coup d'œil les structures et souvent la fonction....
-
ARC DE TRIOMPHE
- Écrit par Gilbert-Charles PICARD
- 1 627 mots
- 9 médias
Un arc de triomphe est une structure architectonique composée de deux pylônes reliés par une voûte en plein cintre ; elle supporte par son intermédiaire un attique, base rectangulaire massive qui elle-même porte des statues. L'arc comprend en outre des colonnes plaquées contre les pylônes qui soutiennent...
- Afficher les 40 références