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MONASTIQUE ARCHITECTURE

L'architecture monastique aux Temps modernes

L'Escurial

L'Alcázar de Tolède - crédits : Angel Sotomayor Rodríguez/ Flickr ; CC-BY

L'Alcázar de Tolède

Un monastère espagnol, à la fois couvent et palais royal, constitue la meilleure transition du Moyen Âge aux Temps modernes. Il s'agit de l'Escurial, bâti en l'honneur de saint Laurent à la suite du vœu fait par Philippe II, en 1557, de remplacer le couvent Saint-Laurent de Saint-Quentin, que ses troupes avaient incendié. Extraordinaire ensemble où la sobriété le dispute au raffinement de l'exécution ! L'idée du plan rectangulaire vint de l'Alcazar de Tolède. Il fut soumis à une symétrie très stricte qui reflète parfaitement la rigueur de caractère du roi, de même que l'idée qu'il se faisait du rapport entre l'État et l'Église. Située au milieu du complexe, l'église monastique sert d'oratoire à la famille royale et d'église funéraire à la dynastie ; surmontée d'une coupole, elle domine un ensemble parfaitement géométrique : au sud, comme sur le plan de Saint-Gall, figure le cloître ; au nord s'étendent le palais, les écoles et les appartements royaux, accolés en fer à cheval à l'abside de l'église. Ainsi la chambre à coucher du roi prenait-elle tout simplement la suite du dortoir monastique, avec l'insigne privilège d'une communication directe avec l'autel de l'église. La chambre mortuaire de son père Charles V était d'ailleurs située de façon identique.

Avec ses nombreuses cours, l'Escurial a été considéré comme l'ancêtre des grandes abbayes baroques d'Autriche et d'Allemagne méridionale. Cette filiation est peut-être exagérée, mais sur un point essentiel il y a à coup sûr concordance : ces abbayes ressemblent toutes à d'immenses palais, et presque toutes possèdent aussi un Kaisersaal, vaste hall destiné à l'accueil du roi.

Abbayes baroques en Autriche et en Allemagne du Sud

Les abbayes baroques de l'Autriche et de l'Allemagne du Sud occupent une place à part dans l'architecture européenne. Sans doute sont-elles dues au grand élan constructeur provoqué par la Contre-Réforme, mais il ne faut pas les confondre avec les établissements des Jésuites, qui sont loin d'avoir laissé dans l'art une empreinte aussi considérable. Les plus impressionnantes sont situées au bord du Danube, souvent en hauteur. Melk possédait déjà à la fin du Moyen Âge un véritable monastère-ville surplombant un méandre du Danube à une centaine de kilomètres en amont de Vienne. À partir de 1701, au temps de l'abbé Berthold Dietmayr, l'architecte Jakob Prandtauer créa un nouvel ensemble baroque, bâti tout en longueur sur la crête. Pour accéder à l'église, il faut traverser la cour des prélats, vaste atrium avec une fontaine en son milieu. Les deux tours de façade dominent une petite cour en fer à cheval, bâtie sur le promontoire rocheux au-dessus du Danube. De part et d'autre, cette cour est bordée par les deux salles auxquelles l'architecture baroque apporte le plus de soin : la salle impériale et la bibliothèque.

Une conception encore plus grandiose régit le plan de Göttweig, situé à peu de distance de Melk. Le vice-chancelier de l'Empire, Friedrich Carl von Schönborn, avait engagé l'un des plus célèbres architectes autrichiens, Lukas von Hildebrandt, pour la construction de cet ensemble qui se voulait exemplaire mais qui ne fut jamais terminé. D'autres monastères, comme Altenburg au nord de Vienne, sont peut-être de taille plus réduite mais soulignent par leurs cycles picturaux la tendance première de l'époque, une constante mise en parallèle du pouvoir impérial et du pouvoir divin représenté par l'Église. En fait, on retrouve ici, sous des aspects rajeunis, l'ancienne idéologie carolingienne que reflétait parfaitement l'inscription en vers, à la gloire de Dieu tout-puissant et de son vicaire sur terre, Charlemagne,[...]

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Écrit par

  • : professeur d'histoire de l'art du Moyen Âge à l'université de Paris-X et au Centre d'études supérieures de civilisation médiévale de Poitiers

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Médias

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