- 1. Aux origines
- 2. Les Irlandais
- 3. Saint Benoît et l'époque précarolingienne
- 4. Unité et unification carolingienne
- 5. Le plan de Saint-Gall
- 6. Cluny
- 7. Saint Bernard et les Cisterciens
- 8. Les Chartreux
- 9. Franciscains et Dominicains
- 10. L'architecture monastique aux Temps modernes
- 11. Bibliographie
MONASTIQUE ARCHITECTURE
Les Chartreux
Parallèlement aux monastères bénédictins et cisterciens, un troisième type de monastères apparaît, celui des Chartreux. Sa disposition, formulée par saint Bruno (env. 1032-1101), est commandée par l'exigence d'une extrême solitude. Alors que les moines bénédictins n'étaient jamais seuls, les Chartreux souhaitent l'être, partout et presque toujours. Saint Bruno, Colonais d'origine, fonda en 1084, à vingt-quatre kilomètres de Grenoble, la première des chartreuses. On l'appela la Grande Chartreuse, et l'abbé Guibert de Nogent en donna une première description en 1104 ; il nomme les cellules situées autour du cloître, cellulae per gyrum claustri. En principe, une communauté de Chartreux groupe douze moines, treize avec le prieur. Mais plus tard, certaines se dédoublèrent, ainsi la Grande Chartreuse qui, au début du xive siècle, porta son effectif à vingt-quatre moines. Les moines ne se retrouvaient qu'au moment de la messe, des matines et des vêpres. Ils ne se réunissaient dans la salle capitulaire que le dimanche matin. Ce fut un ordre purement contemplatif, dont la vie quotidienne était régie par la solitude et le silence. Mais aux Bénédictins, les Chartreux empruntent l'obligation de travailler ; chaque moine a devant sa cellule un minuscule jardin qu'il doit entretenir.
Le plan le plus éloquent d'une chartreuse, celle de Clermont, a été donné par Viollet-le-Duc en 1858, lors de sa restauration. Il s'agit d'un établissement assez grand qui ne correspond plus tout à fait aux prescriptions de la Règle des Chartreux, fixée en 1127 par le quatrième successeur de Bruno, Guigues. Le couvent était entouré d'un mur renforcé de sept tours. Dans la première des cours, bordée par les bâtiments économiques, juste en face de l'église, se trouve la maison du prieur. L'église, à une seule nef, est relativement courte et, comme les collégiales cisterciennes, divisée en deux parties, l'une réservée aux Chartreux, l'autre aux frères convers. Au nord de l'église se trouve la maison du prieur adjoint, au sud le petit cloître autour duquel se groupent les édifices communautaires qui sont de dimensions modestes étant donné le nombre restreint de pensionnaires. Ce claustrum minus (cloître mineur), qui correspond pratiquement aux cloîtres bénédictins, n'était accessible que du claustrum majus (cloître majeur), qui s'étendait à l'est de l'église. Autour du cloître majeur étaient disposées les cellules ; sa partie orientale comprenait le cimetière des moines, point de mire constant de cette communauté du silence. Chacune des cellules était isolée du cloître par un couloir supplémentaire accessible au seul prieur qui ne pouvait dépasser la porte du jardinet individuel. Une fente dans le mur permettait aux frères convers de donner au moine son frugal repas. La maison elle-même était composée de trois pièces : l'antichambre chauffée, la cellule, comprenant les quatre meubles autorisés : un lit de bois, un banc, une table et un rayonnage, enfin un débarras et un couloir menant à la latrine. Le jardin était trois ou quatre fois plus grand que la petite maison et entouré d'un mur élevé. Dans ce cadre austère, le chartreux vivait dans un dénuement presque total ; il ne possédait qu'une paillasse, deux couvertures, un oreiller, un peigne, un rasoir, de quoi coudre et écrire, et, au maximum, deux livres pour sa lecture.
À la fin du xiie siècle, il existait trente-sept chartreuses en Occident, mais leur nombre s'éleva à cent quatre-vingt-quinze à la fin du Moyen Âge. L'une des plus célèbres, la certosa de Galluzo, à proximité de Florence, fut bâtie par un riche usurier florentin, alors que la chartreuse de Champmol à Dijon fut une fondation de Philippe le Hardi (1385), et que celle de Pavie est due à[...]
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Écrit par
- Carol HEITZ : professeur d'histoire de l'art du Moyen Âge à l'université de Paris-X et au Centre d'études supérieures de civilisation médiévale de Poitiers
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Médias
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