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MONASTIQUE ARCHITECTURE

Franciscains et Dominicains

Santa Maria Novella, Florence - crédits :  Bridgeman Images

Santa Maria Novella, Florence

Il faut évoquer les ordres mendiants dont on connaît l'essor en Italie au début du xiiie siècle. À leurs débuts, Franciscains et Dominicains négligèrent délibérément toute réalisation spectaculaire, et la première moitié du xiiie siècle ne comporte pas à proprement parler d'architecture franciscaine ou dominicaine. Dans la première phase de leur existence, les ordres nouveaux s'attachent à renier toute matérialisation de leur pensée, qui tend uniquement à l'établissement d'une permanente joie spirituelle par l'acceptation humble et généreuse de la condition humaine. Ce n'est qu'à la fin du xiiie siècle, sous le premier pape franciscain, Nicolas IV (1288-1292), que le franciscanisme dévie vers un art ostentatoire en faisant du chantier d'Assise le point de ralliement des maîtres peintres de Rome et de Florence. L'église double d'Assise, entourée de chiostri superposés, ne devint cependant pas l'archétype d'une architecture franciscaine. En revanche, ce qui frappe dans les nouvelles constructions florentines des ordres mendiants, c'est l'extrême simplicité du plan des églises abbatiales, mais aussi leurs dimensions grandioses. À Santa Maria Novella de Florence, établissement dominicain, on adopta les formes carrées cisterciennes, alors que Santa Croce, basilique franciscaine (1252-1295) beaucoup plus vaste (longueur 90,5 m, largeur 19,5 m, hauteur 34 m), possède un chœur à absides alignées comme les abbatiales de Fontenay en Bourgogne, d'Eberbach et de Maulbronn en Allemagne. Ce sont ces mêmes volumes spacieux que l'on retrouve dans les établissements dominicains de la fin du Moyen Âge, en Alsace notamment (Haguenau, Colmar, Strasbourg). Ces hautes églises à nefs le plus souvent simples, sans la tripartition gothique habituelle de l'élévation, frappent par leurs dimensions qui font d'elles les héritières des basiliques gothiques du xiiie et du xive siècle.

Nef de Sainte-Marie-Nouvelle, Florence - crédits :  Bridgeman Images

Nef de Sainte-Marie-Nouvelle, Florence

Santa Croce, Florence, façade - crédits : Ken Welsh,  Bridgeman Images

Santa Croce, Florence, façade

S'il faut parler d'un archétype de plan monastique au Moyen Âge, il semble indiqué de revenir de nouveau à celui de Saint-Gall du début du ixe siècle. Il est le fruit de toute une lente genèse du monachisme occidental, qui s'étale sur plusieurs siècles, surtout le viie et le viiie. Ce plan bénédictin, imposé au concile d'Aix-la-Chapelle par le réformateur saint Benoît d'Aniane, a subi certes quelques variantes, selon les impératifs des diverses réformes, mais ces modifications ne touchent que des points de détail ; ses caractéristiques essentielles subsistent intactes. En regardant le monastère de La Tourette bâti par Le Corbusier, on s'étonne de constater que, douze siècles après Heito, un grand architecte moderne ait répondu au programme des exigences monastiques par une forme très voisine de celle de l'abbé de la Reichenau.

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Écrit par

  • : professeur d'histoire de l'art du Moyen Âge à l'université de Paris-X et au Centre d'études supérieures de civilisation médiévale de Poitiers

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Mistra - crédits : De Agostini/ Getty Images

Mistra

Monastères des Météores - crédits : Hans Strand/ Getty Images

Monastères des Météores

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