- 1. Archivage et archivage numérique
- 2. Quelques précisions terminologiques
- 3. La vulnérabilité des documents numériques
- 4. Qui est concerné par l'archivage numérique ?
- 5. Le modèle OAIS et le contexte normatif
- 6. La mise en pratique de l'archivage numérique
- 7. Des points de vue multiples pour une problématique unique
- 8. Bibliographie
ARCHIVAGE NUMÉRIQUE
Le modèle OAIS et le contexte normatif
Les agences spatiales américaines et européennes ont joué un rôle capital dans la clarification et la compréhension de l'archivage numérique. Confrontées dès le début des années 1970 au traitement et au stockage massif des données numériques issues des expériences spatiales, elles ont été les premières à subir les évolutions et obsolescences de plus en plus rapides des technologies numériques. Sollicitées par l'ISO (International Standards Organization, Organisation internationale de normalisation) pour élaborer une norme dédiée à l'archivage à long terme des données spatiales, elles ont souligné que le problème posé n'était pas spécifique à leur domaine et que, avant de tenter de le résoudre, il était nécessaire de le comprendre et de le modéliser. Le modèle OAIS décortique et formalise le problème de l'archivage numérique. L'essentiel de son analyse porte sur l'élaboration d'un modèle d'information et d'un modèle fonctionnel de l'Archive.
Le modèle d'information remonte toute la chaîne qui va des données numériques (par exemple un simple fichier) à l'information au sens de la définition donnée plus haut, jusqu'à ce que cette information soit intelligible et utilisable. Pour cela, il ne suffit pas de préserver ces données, mais il est nécessaire de conserver d'autres informations, en particulier celles qui permettent d'extraire les informations dont les données sont porteuses. La plus importante est l'information de représentation. Elle doit permettre de restituer l'information préservée à partir des séquences de bits. Par exemple, elle décrira comment sont codées les couleurs d'une image et comment les pixels sont organisés au sein du fichier. Elle ne doit pas être confondue avec le logiciel de lecture (qui ne pourra pas être pérenne) et devra permettre la reconstitution de ce dernier dans le cas où celui-ci serait frappé d'obsolescence. L'information de représentation touche à la fois à la syntaxe interne fine du train de bits (par exemple, savoir que du bit 1 200 au bit 1 232, nous avons un nombre décimal codé d'une certaine façon) et à la sémantique (par exemple, savoir que ce nombre est la température en degrés Celsius, mesurée tel jour à tel endroit).
La provenance de chaque document (qui l'a produit et pourquoi ?), ses relations avec d'autres documents archivés, l'identifiant unique qui doit lui être affecté (l'équivalent de l'ISBN, International Standard Book Number, pour les livres), les contraintes en matière de droit d'accès et d'usage, les éléments prouvant qu'il n'a pas été altéré, etc., doivent également être conservés. Toutes ces informations sont souvent désignées par le terme général de métadonnées.
Le modèle fonctionnel fait apparaître de façon bien distincte l'Archive (correspondant soit à un organisme indépendant, soit à un service au sein d'une entreprise) et les entités extérieures avec lesquelles elle est en relation. L'Archive doit assurer six fonctions majeures. La première, la fonction « entrées », prend en charge l'ensemble des objets numériques livrés par le producteur, les contrôle et les organise. La fonction « stockage » assure la préservation pérenne des séquences de bits. La fonction « gestion de données » gère le catalogue d'ensemble du fonds. La fonction « accès » propose aux utilisateurs les moyens adéquats de connaître l'existence, la disponibilité et les caractéristiques des informations archivées. La fonction « administration » assure la gestion et la coordination de l'ensemble. Enfin, la fonction « planification de la pérennisation » permet d'identifier les actions à entreprendre à la suite des évolutions et obsolescences de la technologie ainsi que des changements dans les pratiques des[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Claude HUC : consultant indépendant, expert en archivage numérique auprès de la Commission européenne
Classification
Autres références
-
ARCHIVES
- Écrit par Françoise HILDESHEIMER
- 6 709 mots
La révolution numérique constitue, pour le monde de la conservation, un défi à la fois technologique et conceptuel. En effet, l'objectivité matérielle du document traditionnel, écrit ou imprimé, est assurée et ne pose aucun problème quant à son identification, une fois soumis à l'expertise classique de... -
HUMANITÉS NUMÉRIQUES
- Écrit par Thierry POIBEAU
- 5 371 mots
- 2 médias
On peut par exemple citer le projet Time Machine. Lancé en 2012, le projet initial, Venice Time Machine, est né d’une collaboration entre les Archives de la ville de Venise et l’EPFL (École polytechnique fédérale de Lausanne). Venise est une cité au passé incroyablement riche, avec d’immenses archives...