ARCHIVES DES ETHNOLOGUES
L’intérêt pour les archives des ethnologues débute aux États-Unis vers le milieu des années 1980, dans le prolongement des études postmodernes sur l’écriture anthropologique. En France, il faut toutefois attendre la fin de la décennie suivante pour que les ethnologues commencent à prendre conscience de l’importance scientifique et historique des documents produits au cours de leur vie professionnelle. Établi par Jean Jamin et Françoise Zonabend, un premier dossier thématique intitulé « Archives et anthropologie » est publié dans la revue Gradhiva en 2002, trois ans après une journée d’études sur les archives ethnographiques organisée par Marion Abélès et Marie-Dominique Mouton. C’est cette rencontre pionnière entre chercheurs et spécialistes de la documentation qui ouvre la voie, en France, à l’archivage et à l’étude des écrits savants des ethnologues. Désormais accessibles, ces documents inédits permettent d’interroger l’histoire de la discipline, la fabrication des textes publiés, le parcours d’un chercheur et les données qu’il a recueillies.
La mémoire d’une discipline
Les publications scientifiques restent bien sûr une source d’information essentielle pour saisir l’évolution des idées au sein d’une discipline, mais les livres ou les articles des ethnologues éclairent rarement leurs pratiques, leur formation, leurs réseaux et le contexte institutionnel de leurs recherches, contrairement aux archives. Seules leurs photographies et leurs notes de terrain témoignent précisément de leurs méthodes d’enquête, de leurs relations avec leurs informateurs, de leur insertion au sein du groupe étudié, de la genèse de leurs travaux et de la construction de leur objet d’étude. La correspondance des ethnologues, leurs rapports, leurs notes de cours, leurs conférences inédites et leurs coupures de presse permettent également de reconstituer, à chaque étape de leur parcours, leurs réseaux de recherche, leurs filiations intellectuelles, leur école de pensée, les enseignements reçus et dispensés, leurs appartenances institutionnelles, leurs principaux axes de recherche, leurs liens avec les autres disciplines, ainsi que leur rapport aux médias et au grand public. Grâce à la variété de ces documents, il devient donc possible d’appréhender l’histoire de l’ethnologie dans toutes ses dimensions.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Eric JOLLY : anthropologue, chargé de recherche au CNRS, Institut des mondes africains
Classification
Autres références
-
ANTHROPOLOGIE VISUELLE
- Écrit par Damien MOTTIER
- 4 464 mots
Du plaidoyer de Félix Regnault pour la constitution d’un « musée de films » (1912) à la résolution adoptée à Chicago en 1973 en faveur de l’anthropologie visuelle, l’une des principales justifications de l’usage de la photographie et du film en anthropologie a toujours été, selon les mots de Margaret...