CAUMONT ARCISSE DE (1801-1873)
Né le 28 août 1801 à Bayeux, archéologue, géologue, Arcisse de Caumont est surtout connu pour son rôle dans le développement de l'histoire de l'art médiéval au xixe siècle. Lorsqu'en 1821 il entre à l'université de Caen pour suivre les cours d'histoire naturelle de J.-V. Lamouroux et l'enseignement de l'abbé Gervais de La Rue, alors maître incontesté de l'histoire de Normandie, l'intérêt pour l'archéologie médiévale est encore très limité, mais s'éveille progressivement, à la faveur d'un concours de circonstances . Plusieurs aristocrates émigrés en Angleterre pendant la Révolution ont subi – tels Charles de Gerville et, à un moindre degré, l'abbé de La Rue – l'influence d'érudits anglais dont la curiosité pour l'architecture médiévale était déjà plus développée. Par la suite, avec la Restauration, la connaissance des monuments susceptibles de dire la grandeur de la monarchie française et de l'Église au Moyen Âge est encouragée, comme l'expose en 1819 le comte de Montlivault, préfet du Calvados. Enfin, le mouvement romantique favorise largement le goût des ruines, mais sans qu'un esprit proprement scientifique soit apporté à leur étude. C'est en 1818 que l'Anglais John Sell Cotman parcourt la Normandie, dessine les principaux édifices et publie, avec Dawson Turner, auteur du texte, ses Architectural Antiquities of Normandy, dont le retentissement fut grand parmi les érudits normands. Dans cette atmosphère, l'action et l'œuvre d'Arcisse de Caumont sont déterminantes : en 1823, il fonde avec Gerville, A. Le Prévost, ami de Charles Nodier et de Victor Hugo, Pluquet, éditeur de Wace, l'abbé de La Rue, Léchaudé d'Anisy, Hyacinthe Langlois et d'autres personnalités la Société des antiquaires de Normandie, point de départ d'un développement considérable des études archéologiques dans cette province. À partir de mai 1824, il lit devant la Société un Essai sur l'architecture du Moyen Âge, principalement en Normandie, et peu après ouvre à Caen un cours public qui connaît un extraordinaire succès et touche un auditoire dépassant largement le cercle des érudits et des étudiants. Publiée sous le titre de Cours d'antiquités monumentales à partir de 1830, cette œuvre jette les bases d'un système chronologique nouveau ; fondée sur l'analyse précise des monuments qu'avait préconisée Gerville, classant systématiquement par époques les traits architecturaux, la modénature et la sculpture, elle devait servir de base à tous les travaux ultérieurs. Sa méthode est encore précisée dans l'Abécédaire ou Rudiment d'archéologie (1re éd. 1850-1862). Grand voyageur, en France, en Allemagne, en Italie, Caumont met en application ses principes d'étude des édifices sur le terrain ; la variété de ses communications et articles, concernant aussi bien les vestiges d'époque gallo-romaine que ceux du Moyen Âge, montre l'extrême diversité de ses centres d'intérêt. Il dirige lui-même des excursions archéologiques. Son attention se porte non seulement sur les édifices majeurs déjà connus, mais aussi sur des aspects jusque-là négligés : granges médiévales, dépôts lapidaires, etc.
Tandis qu'il travaille à fonder l'archéologie en tant que science rigoureuse, Caumont agit également en faveur de la préservation des monuments menacés par l'ignorance et l'abandon. En 1829, il alerte et réunit autour de lui plusieurs sociétés savantes de Normandie et de l'Ouest pour créer une association et s'opposer au projet de destruction du baptistère Saint-Jean de Poitiers. Cette association devient en 1834 la Société française d'archéologie, qui tient dès lors un congrès annuel. Les publications de la Société ([...]
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Écrit par
- Maylis BAYLÉ : agrégée de l'Université, docteure en histoire de l'art, attachée de recherche au CNRS
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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