- 1. Les pays de l'Arctique et l'éveil des peuples autochtones
- 2. Des perspectives énergétiques prometteuses
- 3. Le statut de l'océan Arctique
- 4. Les principaux différends sur les limites maritimes
- 5. L'enjeu des routes maritimes arctiques
- 6. Le statut des routes maritimes arctiques
- 7. L'intérêt stratégique et militaire de l'Arctique et son évolution
- 8. Les enjeux environnementaux
- 9. Bibliographie
ARCTIQUE (géopolitique)
L'Arctique, domaine des hautes latitudes boréales, est l'espace compris entre le pôle Nord et une limite méridionale que l'on peut fixer, dans une perspective géopolitique, au cercle polaire arctique, à savoir 660 33' de latitude nord, bien que cette ligne astronomique soit trop rigide du point de vue des milieux naturels. Il s'agit donc des latitudes les plus élevées et les plus froides de l'hémisphère Nord dont les moyennes thermiques annuelles sont comprises entre –2 0C au sud et –30 0C au pôle même.
Ces régions ont acquis un grand intérêt géopolitique depuis le milieu du xxe siècle, pour des raisons stratégiques d'abord, lors de la guerre froide, puis aujourd'hui parce qu'on y a découvert d'importantes ressources énergétiques.
Entre 900 et 650 N., la surface de la sphère terrestre est de l'ordre de 24 millions de kilomètres carrés (Mkm2), soit à peine 5 % de la surface du globe, dont un peu plus de 14 Mkm2 pour les espaces océaniques et 10 Mkm2 pour les terres émergées, parce que l'Arctique, à la différence de l'Antarctique, est occupé par un océan centré sur le pôle, et que les terres, en dehors de quelques archipels septentrionaux, se répartissent à la périphérie de celui-ci, donc à des latitudes plus basses. Avec ses 14,5 Mkm2, l'océan Arctique constitue une véritable méditerranée, ceinturée par l'extrémité septentrionale du continent américain, lui-même prolongé à l'est par le Groenland et la bordure de l'Eurasie qui s'étend du nord de la Scandinavie au détroit de Béring. Cette méditerranée communique mal avec l'océan Pacifique, alors qu'elle est plus ouverte sur l'océan Atlantique, grâce à plusieurs détroits profonds et surtout grâce aux mers de Norvège et du Groenland.
Ces milieux extrêmes, où les terres émergées et l'océan sont couverts en permanence ou durant une grande partie de l'année par les glaces et la neige, appartiennent aux marges de l'œkoumène et ne comptent que des populations rares et clairsemées. Ils sont longtemps restés politiquement et économiquement marginaux, mais les progrès techniques, le réchauffement climatique et l'épuisement de ressources naturelles plus accessibles sous d'autres latitudes confèrent un intérêt accru à l'Arctique et bouleversent la donne géopolitique de ce domaine, à commencer par les rapports entre les autochtones et les « colonisateurs ».
Les pays de l'Arctique et l'éveil des peuples autochtones
La méditerranée Arctique ne compte que cinq pays riverains, en excluant l'Islande. Ainsi l'immense façade de l'Eurasie, de la presqu'île de Kola en Europe au détroit de Béring, sur plus de 5 000 kilomètres, relève d'un seul pays, la Russie. En Amérique du Nord, le Canada exerce sa souveraineté sur l'ensemble de l'archipel arctique qui termine le continent, et l'Alaska appartient aux États-Unis qui ont acheté cette colonie russe en 1867. En Europe du Nord-Ouest, Norvège et Danemark bordent l'Arctique. La première occupe l'extrémité septentrionale de la péninsule scandinave avec la province du Finnmark, entièrement située au nord du cercle polaire, et l'archipel du Svalbard. Quant au second, de retour au Groenland au xviiie siècle, après une première occupation viking à laquelle il avait participé, il a placé l'île sous sa souveraineté en 1921, en a fait une province danoise en 1953, avant de lui conférer une assez large autonomie en 1979.
Les cinq pays se partagent inégalement les territoires qui bordent l'océan Arctique. Le Groenland (Danemark) est entièrement situé dans le monde polaire, les autres n'y sont que partiellement et à des degrés divers. Le Canada et la Russie y sont les plus engagés ; les États-Unis sont les plus extérieurs, puisqu'ils[...]
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Écrit par
- François CARRÉ : professeur de géographie de la mer à l'université de Paris-Sorbonne
Classification
Médias