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ARCTIQUE (géopolitique)

Les principaux différends sur les limites maritimes

Avec, en arrière-plan, l'existence de gisements d'hydrocarbures encore mal cernés, les revendications et contestations se sont multipliées dans l'Arctique et l'on est même revenu sur des traités passés. Ainsi, le Canada et les États-Unis ne sont plus d'accord, depuis les années 1970, sur la prolongation de leur frontière terrestre en mer de Beaufort. Un litige plus sérieux a surgi également entre la Norvège et la Russie, qui porte sur des zones de pêche en mer de Barents.

Les ressources et les activités halieutiques dans l'océan Arctique sont limitées par la rigueur du climat, de sorte que seuls ses confins avec l'Atlantique nord connaissent une pêche active : crevette autour du Groenland méridional, morue au large du Labrador, du Groenland, de la Norvège et jusqu'au Spitsberg, mais aussi, sébaste, flétan, capelan. Les côtes du Groenland, la mer de Norvège et l'ouest de la mer de Barents sont les secteurs les plus exploités. En mer de Barents, la Norvège et la Russie divergent à la fois sur la façon de prolonger leur frontière terrestre et de délimiter leurs ZEE respectives. La souveraineté sur certains espaces marins reste donc incertaine. Faute de s'entendre sur le partage de la zone contestée de la plate-forme continentale, d'une surface d'environ 150 000 kilomètres carrés, dite « zone grise », la Russie et la Norvège ont accepté un modus vivendi depuis 1974 en s'octroyant des quotas de pêche périodiquement révisés.

Les enjeux sous-jacents retardent le règlement de ces différends et la délimitation des zones de 200 milles dans l'Arctique n'est pas acquise. Une extension éventuelle des souverainetés économiques sur le prolongement du plateau continental, là où celui-ci est très large, laisse entrevoir des litiges encore plus épineux, car elle repose sur plusieurs critères sujets à interprétation et va multiplier les contestations. D'une façon plus générale, la dissymétrie dans la répartition des plates-formes entre l'Eurasie et l'Amérique défavorise le Canada et les États-Unis. En outre, ces derniers, qui n'ont pas ratifié la convention de 1982, ne peuvent pas demander à bénéficier de l'une de ses dispositions. En revanche, les Russes et les Canadiens ne s'en privent pas ; ils vont même jusqu'à affirmer que la dorsale de Lomonosov – qui traverse le bassin Arctique central en passant près du pôle – est un prolongement de leur plateau continental, afin de pouvoir exercer leur souveraineté jusqu'au pôle. En août 2007, pour exprimer leur revendication, les Russes ont déposé sur le fond de l'océan, au pôle même, par 4 260 mètres de profondeur, un drapeau de titane, faisant réagir vivement les autres riverains et laissant augurer de l'âpreté des négociations à venir sur cette question. D’ailleurs, en 2002, la commission de l'ONU chargée de la délimitation du plateau continental avait refusé de prendre position sur les prétentions russes et avait fixé à cet État une date butoir jusqu'en 2009 pour présenter ses demandes.

Alors même que les grandes profondeurs rendent son exploitation très difficile et que la banquise n'a pas encore fondu, l'Arctique central est déjà très disputé, et à plus forte raison ses bordures, économiquement beaucoup plus utilisables.

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Écrit par

  • : professeur de géographie de la mer à l'université de Paris-Sorbonne

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Médias

Arctique : situation politique - crédits : Encyclopædia Universalis France

Arctique : situation politique

Arctique : géo-économie - crédits : Encyclopædia Universalis France

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