ARÉISME
Les causes de l'aréisme
Cette absence de drainage tient, avant tout, à des causes climatiques. L'élément décisif est l'insuffisance des précipitations. La circulation atmosphérique générale est la grande responsable de ce déficit des précipitations sur une portion notable du globe terrestre : en donnant naissance, aux latitudes subtropicales, à deux chapelets de cellules de hautes pressions, bien établies sur la moitié orientale des océans et la moitié occidentale des continents, elle y interdit toute ascendance et donc toute précipitation, si ce n'est lorsque les hautes pressions se déplacent, en suivant le soleil dans son mouvement saisonnier apparent.
L'action de ces cellules anticycloniques est renforcée chaque fois qu'un courant froid longe un littoral, comme c'est le cas au large de la côte pacifique de l'Amérique du Sud et de la côte atlantique de l'Afrique du Sud ; l'air humide, abordant une terre plus chaude que l'étendue marine qu'il vient de parcourir, s'éloigne de son point de rosée, et la condensation demeure impossible. De même, une chaîne de montagne, interposée sur la trajectoire des vents marins, condense l'humidité sur son versant au vent et place les régions sous le vent sous un régime de sécheresse aggravée. L'éloignement marqué de la mer est responsable de la remontée des déserts tropicaux jusqu'au 55e degré de latitude nord, en Asie moyenne soviétique par exemple.
Les précipitations sont d'autant moins capables d'assurer un écoulement permanent qu'elles sont plus irrégulières. L'irrégularité est à son comble dans un domaine central : ainsi il n'est pas rare de compter cinq à dix années entièrement sèches consécutives dans le Sahara oriental ; toute vie végétale y est impossible, et tout écoulement absent, du moins entre les averses, et il faut bien parler de désert vrai ou intégral. Mais, sur les marges de ce domaine hyper-aride, les pluies, bien que rares et brèves, se produisent toujours à la même saison, l'été sur la marge équatoriale, l'hiver sur la marge septentrionale ; mais elles varient en importance d'une année à l'autre et sont toujours incapables d'alimenter les nappes aquifères du sous-sol.
Le régime anticyclonique semi-permanent que connaissent ces régions maintient un ciel sans nuage, un air très sec, où les obstacles opposés à la pénétration du rayonnement solaire sont rares. La radiation solaire globale atteint, ici, ses valeurs maximales : elle varie entre 160 kilocalories par centimètre carré et par an, sur les marges polaires du domaine aride, et 225 kilocalories par centimètre carré et par an, au cœur du domaine hyper-aride. Aussi tous ces déserts sont-ils chauds et connaissent, durant leur saison d'été tout au moins, les plus hautes températures enregistrées à la surface du globe.
Les amplitudes thermiques journalières sont assez fortes pour donner naissance à des vents locaux qui viennent prélever, à la surface du sol, l'eau que l'évaporation n'a pas encore eu le temps de soustraire. Ils renforcent l'action des vents secs alizés, qui balaient la plus grande partie des terres arides et qui ont un pouvoir évaporant considérable, accru quand les dénivellations topographiques leur donnent les caractères d'un fœhn (chergui, sirocco, afghanietz). Aussi l'évapotranspiration potentielle s'élève-t-elle à 2 500 mm par an et plus dans les vrais déserts, et à 1 500 mm sur les marges arides, ce qui excède de beaucoup les quantités précipitées ainsi que l'évaporation réelle.
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Écrit par
- Pierre CARRIÈRE : agrégé de géographie, docteur d'État ès lettres
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